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de lui raconter, si tout ce beau sexe avait le cœur aussi ouvert qu’elle. Mais voici le mal : quoique je lui aie donné quelque sujet d’offense, je n’ai pas été assez loin pour l’obliger à la discrétion.) Cl. à l’égard des lettres qu’il m’a laissées, je ne sais ce que j’en dois dire ; mais je suis bien résolue de n’avoir jamais rien à démêler avec lui. Miss R. si vous me permettez, madame, de vous avouer ce que je pense, il me semble que vous poussez le ressentiment fort loin. Cl. a-t-il employé son adresse à vous persuader que sa cause est juste ? Il en est capable avec tous ceux qui ne le connaissent pas. Je l’ai entendu parler assez long-temps, quoique je n’aie pas distingué ce qu’il vous a dit, et que rien ne me soit plus indifférent. Mais quelle idée vous a-t-il fait prendre de lui-même ? (je n’ai pas été fâché de cette question. S’arrêter, suspendre le mouvement de sa colère, ai-je dit en moi-même, c’est un charmant présage.) alors, la curieuse Miss Rawlings lui a fait plusieurs demandes, dans la vue apparemment de tirer d’elle une confirmation, ou son désaveu. Milord M était-il mon oncle ? Ma première recherche avait-elle été approuvée de toute la famille, à l’exception de son frère ? Avois-je eu une rencontre sanglante avec ce frère ? Avoit-elle été persécutée en faveur d’un homme fort désagréable, qui se nommait Solmes ; jusqu’à se trouver forcée d’accepter ma protection ? Elle n’a désavoué aucun de ces articles. Ce n’était pas la peine, a-t-elle dit, de leur donner leur véritable explication, pour le peu de séjour qu’elle devait faire à Hamstead, et le détail serait trop long. (mais cette réponse n’était pas capable de satisfaire Miss Rawlings.) Miss R. il prétend, madame, qu’il n’a pu vous faire consentir à votre mariage, qu’après s’être engagé, par un serment solemnel, à ne pas user de ses droits, jusqu’à votre réconciliation avec vos proches. Cl. le misérable ! Quel nouveau dessein roule-t-il dans sa tête, lorsqu’il s’efforce d’inspirer ces idées à des étrangers ? (bon, ai-je aussi-tôt pensé ; le désaveu n’est pas absolu : tout ira merveilleusement.) Miss R. il avoue qu’un incendie, arrivé par hasard, vous a causé beaucoup d’effroi, mercredi dernier ; que… que… que le feu vous a fort effrayée… fort effrayée… mercredi dernier. En un mot, il avoue qu’il a pris quelques libertés innocentes, qui pouvaient le conduire à violer son serment ; et que c’est la cause de votre colère. (que n’aurais-je pas donné, pour voir quelle étoit alors la contenance de ma charmante ! Elle a dû se trouver un peu embarrassée à justifier des ressentimens si vifs pour une si légère offense. Aussi a-t-elle hésité. Elle n’a pas répondu sur le champ ; et lorsqu’elle a recommencé à parler, elle a souhaité que Miss Rawlings ne rencontrât jamais d’homme qui prît avec elle des libertés de cette innocence.) Miss R. votre aventure, madame, est assurément des plus singulières. Mais, si le parti que vous avez pris de le quitter, éloigne vos espérances de réconciliation avec votre propre famille, vous me permettrez de dire qu’il est fâcheux (je suppose que la vierge Rawlings n’a pas achevé sans minauder, sans jouer de l’éventail et sans rougir), extrêmement fâcheux qu’il ne puisse être dispensé de son serment, sur-tout avouant qu’il n’a pas toujours été l’homme du monde le plus sage… (je serais