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Après avoir fini ma narration, " je leur ai cité quelques articles de la lettre du capitaine Tomlinson, que j’avais laissée entre ses mains ; et je leur ai recommandé, avec de fortes instances, d’être en garde contre les recherches de James Harlove et du capitaine Singleton, ou de tout ce qui aura l’air de gens de mer ". Tu vas voir, par la lettre même, combien cette précaution était nécessaire. Je te conseille de la lire ici ; et si tu fais un peu d’attention à tout ce qu’elle contient, tu la trouveras charmante par rapport à mes vues. à Monsieur Lovelace.

mercredi, 7 de juin. Monsieur, quoique je sois obligé de me rendre demain à Londres, ou le jour suivant, je ne dois pas négliger l’occasion que j’ai de vous écrire, par un de mes gens que d’autres raisons me portent à faire partir avant moi ; pour vous avertir que, probablement, il vous reviendra quelque bruit de votre mariage, par la bouche ou les lettres de quelqu’un de vos proches. Une des personnes à qui j’ai jugé à propos de faire entendre que je vous crois mariés (son nom est M Lilburne ), se trouvant ami de M Spurrier , intendant de Miladi Lawrance, et n’ayant point été prié de se taire, a communiqué cette nouvelle à M Spurrier, qui l’a rapportée à Miladi Lawrance comme un fait certain : d’où il est arrivé que, sans avoir l’honneur d’être connu personnellement de cette dame, j’ai reçu la visite de son intendant, qui est venu m’en demander la confirmation de sa part. Il était accompagné de M Lilburne. Ainsi je n’ai pu éviter de tenir le même langage : et je crois comprendre que miladi se plaint de n’avoir pas reçu de vous-même une nouvelle si désirée. Il me paraît que ses affaires l’appellent à la ville. Peut-être jugerez-vous à propos de lui découvrir la vérité. Si vous prenez ce parti, ce sera sans doute en confidence ; afin qu’il ne transpire rien, du côté de votre famille, qui puisse contredire ce que j’ai publié. J’ai toujours eu pour maxime qu’en toute occasion, il faut s’attacher fidèlement à la vérité ; et, quoique dans la meilleure vue du monde, j’ai quelque regret de m’être un peu écarté de mon ancien principe. Mais le cher M Jules Harlove m’en a fait une loi. Cependant, j’ai remarqué toute ma vie qu’un écart de cette nature ne va jamais seul. Pour y remédier, monsieur, permettez que je supplie encore une fois l’incomparable personne de confirmer promptement ce que j’ai dit. Lorsque vous le reconnaîtrez tous deux, il y aurait de l’impertinence à vous demander trop curieusement la semaine ou le jour ; et si la célébration est aussi secrète que vous le désirez, les dames de la maison où vous êtes logés ayant d’aussi bonnes instructions que vous me l’avez assuré, et vous croyant mariés depuis long-temps, qui sera jamais en état de contredire mon témoignage ? Cependant, il est très-probable qu’on fera quelques petites recherches ; et c’est ce qui rend la précaution absolument nécessaire. M James Harlove ne se persuadera pas que vous soyez mariés. Il est sûr, dit-il, que vous viviez ensemble lorsque M Hickman s’est adressé à M Jules Harlove ; et si vous avez vécu quelque temps dans cette liaison, sans être mariés, il conclut de votre caractère, M Lovelace, qu’il n’y a point d’apparence que vous pensiez jamais au mariage. Enfin, dans la supposition