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jours, vous offre un prétexte naturel pour lui proposer de prendre l’air. Alléguez votre santé : il n’osera résister à cette raison. Je sais, par des voies certaines, que l’insensé projet de votre frère est abandonné. Ainsi, vous n’avez rien à craindre de ce côté-là. Si vous ne vous déterminez point à quitter votre maison, après avoir lu ma lettre, ou, si vous ne cherchez pas aussi-tôt le moyen d’en sortir, je jugerai de l’ascendant qu’il a sur vous, par le peu de pouvoir que vous avez sur lui ou sur vous-même. Un de mes émissaires a fait quelques recherches touchant Madame Fretchville, Lovelace vous a-t-il jamais nommé la rue ou la place qu’elle habite ? Je ne me souviens pas que vous me l’ayez marquée dans vos lettres. N’est-il pas fort étrange qu’on ne puisse découvrir ni cette femme ni sa maison, dans aucune des rues et des places où je me suis imaginé, sur quelqu’une de vos expressions, qu’on devait la chercher ? Il faut qu’il s’explique. Demandez-lui nettement le nom de la rue, s’il ne vous l’a point encore appris ; et ne manquez pas de m’en instruire. S’il balance à vous satisfaire sur ce point, c’est une preuve qui n’en laisse plus d’autres à désirer. N’en avez-vous pas même assez, sans cette confirmation ? Je chargerai Collins de ma lettre. Il change, pour m’obliger, le jour ordinaire de son départ ; et je lui ordonne, à présent que je sais votre demeure, d’essayer s’il pourra vous remettre le paquet en mains propres. S’il n’en trouve pas l’occasion, il le laissera chez Wilson. Comme il n’est arrivé, par cette voie, aucun accident à nos lettres, dans un temps où vous aviez moins à vous louer des apparences, j’espère que celle-ci n’ira pas moins sûrement jusqu’à vous. Dans mon premier trouble, je vous avois écrit une lettre qui ne contenait pas vingt lignes, mais pleine d’effroi, d’alarme et d’exécrations. Ensuite, craignant qu’elle ne fît trop d’impression sur vous, j’ai pris le parti de suspendre un peu mes éclaircissemens, pour me mettre en état de recueillir d’autres circonstances, et d’y joindre mes réflexions. Enfin, je m’imagine qu’en vous aidant de vos propres découvertes, vous êtes maintenant assez armée pour résister à toutes sortes d’entreprises et de complots. Je n’ajoute qu’un mot. Donnez-moi vos ordres, si vous me jugez propre à vous rendre le moindre service. Je mets l’opinion publique, la censure, et je crois même, la vie, au-dessous de votre honneur et de notre amitié. Votre honneur n’est-il pas le mien ? Et votre amitié ne fait-elle pas la gloire de ma vie ? Jeudi, à 5 heures du matin. j’ai eu la plume à la main toute la nuit.

reprends haleine, Belford, pour lire attentivement la lettre suivante. à Miss Howe.

que vous m’avez causé d’étonnement, ma chère amie, de trouble, de confusion, d’épouvante, par vos horribles informations ! Mon cœur est trop foible pour soutenir cette atteinte, dans un temps où tout m’excitait à l’espérance ! Lorsque ma perspective semblait heureusement changée ! Comment est-il possible que les hommes soient capables de tant de bassesse et de méchanceté. Je suis réellement fort mal. La douleur, la surprise, et je puis dire, le désespoir, l’ont emporté sur moi. Tout ce que vous m’aviez donné