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était allé aux enquêtes, dans la résolution, à ce que j’entends, de ne pas revenir et de ne jamais reparoître devant moi, s’il n’a rien d’elle à m’apprendre. Tous les domestiques hors de condition qu’il a pu découvrir, sont employés de toutes parts à la même recherche. Dans quelle vue avois-je amené ici cette fille angélique ? (car c’est un nom que je ne puis lui refuser). N’était-ce pas pour lui rendre l’honneur qu’elle mérite ? Par ma foi, Belford, j’étais résolu… mais tu sais par où j’aurais souhaité de commencer. à présent, que j’étais si déterminé en sa faveur, qui sait dans quelles mains elle peut être tombée ? Cette idée confond mes sens, et trouble absolument ma raison. Sans guide, sans secours, dans des lieux qu’elle ne connaît pas, quelque misérable, pire que moi, qui n’aura pas pour elle la moitié de mes adorations, peut l’avoir arrêtée, s’être prévalu de son embarras… que je périsse mille fois, Belford, si plus d’une hécatombe d’innocentes (puisque c’est le nom qu’on donne à ces petites pestes) n’expie les promesses violées et les noirs artifices de cette impitoyable fille. étant revenu au logis, avec des résolutions qui lui étoient si favorables, juge dans quels transports m’a jeté la première nouvelle de son évasion, quoiqu’elle ne m’ait été racontée qu’avec des exclamations interrompues. Je ne sais ni ce que j’ai fait, ni ce que j’ai dit. Mon premier mouvement me portait à tuer quelqu’un. J’ai volé d’une chambre à l’autre, tandis que tout le monde me fuyait, à l’exception d’une vieille servante, qui m’a fait, en tremblant, un récit fort mal conçu. J’ai accusé tout le monde de perfidie et de corruption ; et dans ma première furie, j’ai menacé de poignarder jeunes et vieilles, à mesure qu’elles tomberaient entre mes mains. Dorcas continue de se tenir enfermée sous sa clé. Sally et Polly n’ont point encore osé paroître. L’infame Sinclair… mais j’entends venir cet odieux monstre. Elle frappe à ma porte, quoiqu’elle soit entr’ouverte, pour se donner le tems, sans doute, d’assurer sa contenance, ou pour me laisser celui de prendre un peu de modération. Quel état désespéré que celui d’un homme qui ne peut que se détester lui-même, et regarder les autres avec horreur ; tandis que la cause de sa rage subsiste, que le mal croît par la réflexion, et que le temps ne sert qu’à le rendre plus insupportable ! De quelles imprécations j’ai chargé la vieille furie ! Elle est actuellement devant moi. Je ne daigne pas l’écouter, ni jeter les yeux sur ses contorsions. Que la tristesse, jointe à la laideur, rend un visage odieux ! Au lieu de toucher ma compassion, le sien n’est propre qu’à confirmer ma haine ; tandis que la beauté affligée reçoit un nouvel éclat de ses larmes ; et c’est un spectacle qui a toujours fait les délices de mon cœur. Quelle excuse ? Que me diras-tu pour te justifier ? N’est-elle pas partie ? N’est-elle pas perdue pour moi ? Mais avant que je perde tout-à-fait l’esprit, avant que je fasse ruisseler le sang dans cette maison, raconte-moi tout ce qui s’est passé. Je viens d’entendre son récit. Ruse, imposture, misérable artifice, dans une fille du caractère de Clarisse. Mais ce sexe est l’art même. Voici tout l’éclaircissement que j’ai pu tirer du vieux monstre. à peine étois-je sorti de sa maison, que Dorcas, ayant appris mon départ