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M Lovelace, à M Belford.

aux armes du roi dans Pallmall, jeudi, après midi. Avant mon départ, nous nous sommes écrit plusieurs billets par l’entremise de Dorcas ; ce qui m’a autorisé à mettre son nom de mariage pour adresse. Elle a refusé d’ouvrir sa porte pour recevoir les miens, dans la crainte apparemment que je n’y fusse moi-même. Dorcas s’est vue forcée de les faire passer sous la porte, et de recevoir les siens par la même voie. Je les ai fait copier pour ton amusement. Tu peux les lire ici, si tu veux. à Madame Lovelace.

en vérité, ma très-chère vie, vous poussez le ressentiment trop loin. Les femmes de la maison nous supposent mariés. Que penseront-elles d’une si étrange délicatesse ? Mes libertés ne sont-elles pas innocentes ? L’occasion n’est-elle pas venue du hasard ? Songez que c’est vous exposer vous-même. Jusqu’à présent elles ignorent ce qui s’est passé ; et que s’est-il passé, en effet, pour justifier une si vive colère ? Je suis sûr que vous ne voudriez pas me donner sujet, en manquant à votre promesse, de conclure qu’il ne pouvait m’arriver rien de plus fâcheux, si j’avais refusé de vous obéir. Je me repens de bonne foi d’avoir blessé votre délicatesse. Mais un incident si peu prévu, doit-il m’attirer des noms si choquans ? Le plus vil et le plus détestable de tous les hommes ! Ces termes sont bien durs ! Et de la plume d’une personne adorée ! Si vous preniez la peine de monter au second, vous seriez bientôt convaincue que, tout détestable que je suis à vos yeux, je n’ai point eu de part à l’événement. Permettez que j’insiste sur la nécessité de vous voir, pour recevoir votre avis sur quelques-uns des points que nous traitâmes hier au soir. Tout ce qui n’est pas nécessaire est de trop. Je réclame le pardon que vous m’avez promis, et j’attends la liberté de vous le demander à genoux. Un quart-d’heure suffira dans la salle à manger, et je vous quitte pour le reste du jour. Ne refusez pas cette grâce à mon repentir. Il est aussi sincère que mes adorations. à Monsieur Lovelace.

je ne vous verrai point. Je ne puis vous voir. Je n’ai point d’avis à vous donner. La providence décidera de mon sort. Plus je réfléchis sur votre bassesse, sur votre ingrate et cruelle bassesse, plus je sens croître mon ressentiment. Vous êtes la dernière personne du monde dont je voulusse prendre le sentiment sur ce qui passe ou ne passe pas les bornes, en matière de décence. C’est un tourment pour moi de vous écrire. C’en est un de penser à vous. Cessez donc de me presser. Encore une fois, je ne vous verrai point. Depuis que vous m’avez rendue vile à moi-même, je compte pour rien l’opinion d’autrui. à Madame Lovelace.

c’est votre promesse, madame, que je vous rappelle encore ; et je