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quelque personne de confiance à la ville, pour faire les recherches convenables. " fort bien, capitaine. Et M Harlove fit-il partir quelqu’un avec cette commission ? " il en chargea un homme sage et discret, qui prit des informations mardi dernier, si je ne me trompe ; car il nous les apporta mercredi. Après s’être adressé aux voisins, sans en pouvoir tirer les lumières qu’il cherchait, il fit appeler la femme de chambre de votre dame, qui déclara que vous étiez actuellement marié. Mais l’homme de confiance ayant refusé d’expliquer les motifs de sa curiosité, cette fille refusa aussi de lui apprendre le jour et les autres circonstances de votre mariage. " votre récit, capitaine, est fort clair et fort exact. Continuez, je vous prie. " l’homme revint. Mais ses informations laissèrent des doutes à M Harlove, qui, ne voulant point s’engager témérairement dans une affaire si importante, me pria d’entreprendre moi-même cet éclaircissement, parce que mes affaires m’appellent souvent à Londres. Vous avez des enfans, M Tomlinson ; vous connaissez le monde, eut-il la bonté de me dire ; vous comprenez mes vues ; vous êtes capable d’y mettre et de la sagesse et de la fermeté : je serai content de tout ce qui vous satisfera vous-même. " (ici Dorcas est rentrée brusquement, pour me dire que l’étranger s’impatientoit. J’ai répondu que j’étais à lui dans un instant.) alors le capitaine a fort bien expliqué pourquoi il n’était pas venu lui-même, lorsqu’il savait que nous étions logés dans cette maison. Il avait, m’a-t-il dit, une affaire de conséquence hors de Londres, à laquelle il s’était cru obligé de donner tous ses soins. Mais d’autres obstacles lui ayant fait remettre son voyage à ce jour, et sachant qu’il nous trouverait ce matin au logis, sans être sûr de retrouver une autre fois la même occasion, il avait cru devoir tenter sa bonne fortune avant son départ ; ce qui le faisait paraître avec ses bottes et ses éperons, comme je le voyois. Il a laissé couler quelques mots à l’honneur de nos hôtesses, mais assez adroitement pour ne pas faire soupçonner qu’il eût jugé nécessaire de prendre des informations sur le caractère d’une maison de si bonne apparence. Je puis remarquer aussi, par rapport à ce point, que si ma charmante avait pu concevoir quelque défiance des femmes du logis, le silence du messager de son oncle, après ses informations dans le voisinage, aurait été une forte preuve en leur faveur. Le capitaine a repris : " à présent, monsieur, que je crois vous avoir donné de justes éclaircissemens sur tout ce qui regarde ma commission, j’espère que vous me permettrez de renouveler ma demande, qui est… " (Dorcas est revenue, comme hors d’haleine. Monsieur, l’étranger veut entrer jusqu’ici pour vous parler. Et s’approchant de mon oreille : ma maîtresse est impatiente ; elle est surprise que vous tardiez si long-temps.) pardon, capitaine, si je vous quitte un moment. " je vous ai trop retenu, M Lovelace ; et mes propres affaires ne me permettent pas de pousser cet entretien plus loin, sur-tout lorsque la suite de ma question et de votre réponse nous engagerait sans