Page:Richardson - Clarisse Harlove, II.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

notre intime liaison, j’avais attendu que, dans une occasion de cette nature, il s’expliquât le premier. Il me dit alors qu’un homme de considération, qu’il me nomma, s’était adressé à lui deux ou trois jours auparavant, pour l’engager, non-seulement à se réconcilier avec sa nièce, mais à faire les ouvertures d’une réconciliation générale. Sa sœur Harlove, m’a-t-il dit, avait été sollicitée en même-tems par une bonne femme qui est respectée de tout le monde, et qui avait fait entendre qu’avec un peu d’encouragement de la part de la famille, sa nièce était disposée à rentrer sous la protection de ses parens, et même à vous quitter ; mais qu’autrement elle ne pouvait éviter de devenir votre femme. Je me flatte, M Lovelace, de n’avoir rien dit d’offensant pour vous. Vous paroissez chagrin ! Vous soupirez, monsieur ! Continuez, capitaine Tomlinson, de grâce, continuez. (j’ai poussé un soupir encore plus profond.) " ils ont trouvé tous extrêmement étrange qu’une jeune personne parlât d’éviter le mariage avec un homme à qui elle s’est livrée, en prenant la fuite avec lui. " je vous prie, capitaine, je vous prie, M Tomlinson, de ne plus toucher ce point. La nièce de M Harlove est un ange ; elle est au-dessus du moindre reproche. Les fautes, s’il y en a quelqu’une ici, viennent de sa famille et de moi. Ce que vous voudriez ajouter, n’est-ce pas, c’est que l’implacable famille a rejeté ses offres ? Je le sais. Cet évènement a causé quelque mésintelligence entr’elle et moi, une querelle d’amans ; vous m’entendez, capitaine. Notre bonheur en est augmenté depuis. " d’accord, monsieur. Mais vous conviendrez que M Harlove en a dû faire de plus sérieuses réflexions sur les circonstances. Il m’a demandé mon avis sur la conduite qu’il devait tenir. Jamais, m’a-t-il dit, un père n’eut pour une fille plus de tendresse qu’il en a pour sa nièce. Il reconnaît qu’elle a été durement traitée par son frère et par sa sœur : et comme votre alliance, monsieur, est bien éloignée de faire déshonneur à sa famille, il serait porté à faire tous ses efforts pour réconcilier toutes les parties, s’il était sûr que vous fussiez actuellement mari et femme. " puis-je vous demander, capitaine, quel a été votre avis ? " je lui ai dit naturellement que si sa nièce avait été indignement traitée, ou si elle étoit dans quelqu’embarras, comme il croyait le pouvoir conclure de ses offres, il ne serait pas long-temps sans entendre encore parler d’elle ; mais qu’il me paroissait plus vraisemblable qu’elle avait fait des offres sans espérance de succès, et comme une démarche qu’elle avait cru nécessaire pour se marier sans le consentement de ses proches ; d’autant plus, comme il me le dit lui-même, qu’elles ne venaient pas directement d’elle, mais d’une jeune demoiselle de ses amies, qui n’était pas le mieux du monde avec la famille, et qu’elle n’aurait pas employée, si elle s’était promis quelque succès. " à merveille, capitaine Tomlinson ; de grâce, continuez. " l’affaire demeura dans cette situation jusqu’à dimanche au soir, que M Jules Harlove me fit l’honneur de venir chez moi, accompagné de l’homme qui vous avait vu à la comédie avec votre chère femme, comme je veux croire qu’elle l’est à présent, et qui l’avait assuré que vous logiez dans la même maison. Les offres, qui étoient toutes récentes, semblant faire connaître que vous n’étiez pas mariés, il était dans une si vive inquiétude pour l’honneur de sa nièce, que je lui conseillai de dépêcher