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monsieur, j’ai fini. Je vous demande pardon de vous avoir interrompu ". (ici ma charmante a pensé s’évanouir, et n’a pas du tout été contente de moi). Mais, monsieur, rien n’empêche que vous n’expliquiez le sujet de votre commission, puisqu’il paraît que c’est une commission dont vous vous êtes chargé. " oui, monsieur, c’en est une ; et d’une nature qui m’avait fait juger qu’elle serait agréable pour toutes les parties : sans quoi j’aurais refusé de l’accepter ". Elle peut l’être, monsieur, lorsqu’elle sera mieux connue. Mais souffrez que je la prévienne par une question. Connoîtriez-vous le colonel Morden ? " non, monsieur. Si vous entendez personnellement , je ne le connais pas. Mais mon intime ami, M Jules Harlove, m’a parlé souvent de lui avec de grandes marques d’estime, comme de son associé dans une affaire d’importance ". J’avais jugé, monsieur, que le colonel pouvait être arrivé, et qu’étant peut-être de ses amis, votre dessein était de me causer une agréable surprise. " si le colonel Morden était en Angleterre, M Jules Harlove ne pourrait l’ignorer, et vraisemblablement je ne serais pas sans avoir l’honneur de le connaître ". Fort bien, monsieur. Vous êtes donc chargé de quelque commission pour moi de la part de M Jules Harlove ? " monsieur, je vais vous expliquer, en aussi peu de mots qu’il me sera possible, le véritable sujet qui m’amène. Mais approuvez que je vous fasse aussi une question préliminaire, pour laquelle vous verrez que la curiosité n’est pas mon seul motif. Votre réponse m’est nécessaire pour continuer, et vous en allez juger après m’avoir entendu ". Quelle est cette question, monsieur ? " en deux mots : si vous êtes actuellement, et de bonne foi, marié à Miss Clarisse Harlove " ? (j’ai marqué de l’étonnement, et j’ai pris un ton plus haut). Telle est donc la question à laquelle il faut que je réponde, avant que vous puissiez parler nettement ? " je ne pense à rien moins qu’à vous offenser, M Lovelace. Un ami m’a pressé de me charger de cet office. J’ai des nièces. J’ai des filles. Je me suis figuré que la commission étoit louable, sans quoi, je me serais dispensé de l’accepter. Je connais le monde, et je prendrai la liberté de dire que si cette jeune dame… ". Vous vous nommez le capitaine Tomlinson, n’est-ce pas ? " oui, monsieur ". Eh bien, capitaine Tomlinson, je vous déclare qu’il n’y a point de liberté que je puisse prendre en bonne part, si elle n’est extrêmement délicate, lorsqu’il est question de la jeune dame dont vous parlez. " lorsque vous m’aurez entendu, M Lovelace, si vous jugez que je me sois expliqué d’une manière qui ait rendu cette précaution nécessaire, je conviendrai qu’elle était juste. Permettez-moi de vous dire que je n’ignore pas ce qui est dû au caractère d’une femme vertueuse. " comment ! Capitaine Tomlinson, il paraît que vous vous échauffez