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différens ; différens sur des points essentiels. Mais, dans les termes où je suis actuellement avec lui, je vous recommande, ma chère amie, de garder pour vous seule toutes les circonstances dont la révélation pourrait ne pas lui faire honneur. Il vaut mieux que les fautes d’un mari soient révélées par tout autre que par sa femme, si je suis destinée à porter ce titre ; et tout ce qui pourrait vous échapper paraîtrait venir de moi. Je demanderai constamment au ciel qu’il répande sur vous tout ce qu’on peut espérer de bonheur dans ce monde ; et que vous et les vôtres, dans la postérité la plus éloignée, vous ne manquiez jamais d’une amie telle que ma chère Anne Howe l’a toujours été pour sa Cl Harlove.



M Lovelace, à M Belford.

si le complot, dont je t’ai donné l’explication n’est pas de ton goût, compte, Belford, que j’en ai trois ou quatre autres dont je suis beaucoup plus satisfait, et dont tu le seras peut-être aussi. Je t’en laisserai le choix, si tu veux renoncer seulement aux misérables engagemens que tu as pris. Pour tes trois camarades, ils doivent exécuter ce que je leur ai prescrit : et ne t’imagines pas que tu puisses t’en dispenser non plus. Ne suis-je pas votre général ? Mais c’est un sujet auquel je reviendrai dans son tems. Tu sais que je ne me détermine jamais absolument pour un projet, avant le temps de l’exécution. Alors, l’action de la foudre n’est pas plus prompte que la mienne. Revenons à ce qui me touche immédiatement le cœur. Me croiras-tu, si je te dis que, par rapport à ma fière maîtresse, j’ai tant de systêmes qui se présentent en foule à mon esprit pour obtenir la préférence, que je suis dans l’embarras pour choisir. Je pourrais t’en apprendre six principaux, dont un seul répondrait à toutes mes vues. Mais, comme la chère personne ne m’a point épargné les sujets de chagrin, je crois que la reconnaissance m’oblige à ne pas ménager mes machines, et que je dois au contraire lui causer de l’étonnement et de l’admiration, en faisant jouer trois ou quatre mines à la fois. écoute, et suis-moi, si tu es capable de me comprendre. Je serai demain fort malade, sérieusement je le serai. Malade ! Et pourquoi malade ? Pour quantité de bonnes raisons, Belford. Je te crois fort curieux d’en savoir du moins une. Malade ! De toutes mes inventions, je suis sûr que celle-ci te serait le moins tombée dans l’esprit. Peut-être crois-tu que ma vue est d’attirer ma belle au chevet de mon lit. C’est une ruse ancienne de trois ou quatre mille ans. Il conviendrait bien mieux à mes desseins de pouvoir m’approcher du sien. Mais je vois bien qu’il faut t’instruire plus clairement. Je suis plus inquiet que tu ne le penses sur ce systême de contrebande