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peut-être la seule occasion qu’il aura jamais de vous donner quelques bons avis, auxquels il espère que vous attacherez un peu de poids. Chaque jour, il n’a pas cessé de s’y employer, dans les momens de relâche que sa goutte lui a laissés. Sa lettre ne demande plus que d’être revue. Il espère qu’elle fera plus d’impression sur votre esprit, lorsqu’elle sera écrite entièrement de sa propre main. En vérité, mon cher cousin, son cœur n’est occupé que de vous. Je souhaiterais que vous eussiez, pour vous-même, la moitié seulement de l’affection qu’il vous porte. Mais, je suis persuadée aussi que, si toute la famille vous aimait moins, vous vous en aimeriez davantage. Les momens où milord ne pouvait écrire, ont été employés à consulter Pritchard, son homme d’affaire, sur les biens dont il veut se défaire en votre faveur, à cette heureuse occasion, dans la vue de vous faire un réponse agréable, et de vous prouver par des effets combien il est sensible à votre invitation. Je vous assure qu’il s’en glorifie beaucoup. Pour moi, je ne me porte pas trop bien, et depuis quelques semaines j’ai beaucoup souffert de mes anciens maux d’estomac. Sans une raison si forte, je n’aurais pas attendu si long-temps à me procurer l’honneur que vous me reprochez d’avoir différé. Ma tante Lawrance, qui était résolue de m’accompagner, n’a pas été libre un moment. Vous savez ses affaires. L’adverse partie, qui est actuellement sur les lieux, lui a fait des propositions d’accommodement. Mais vous pouvez compter qu’aussi-tôt que notre chère cousine, qui l’est déja du moins par nos désirs et notre affection, sera établie dans le nouveau logement dont vous me parlez, nous aurons l’honneur de lui faire notre visite ; et si le courage lui manquait pour avancer l’heureux jour (ce qui ne paraît pas impossible, permettez-moi de le dire, quand on considère à quel homme il est question de s’engager), nous tâcherons de lui en inspirer, et nous répondrons pour vous. Au fond, cousin, je crois que vous auriez besoin d’être régénéré par un nouveau baptême, pour devenir digne d’un si grand bonheur. Qu’en pensez-vous ? Milord vient me dire actuellement qu’il vous dépêchera demain un exprès avec sa lettre. Ainsi, j’aurais pu me dispenser de vous écrire. Mais, puisque la mienne est faite, elle partira. J’en charge empson , qui va monter à cheval pour retourner à Londres. Mes complimens les plus tendres, et ceux de ma sœur, à la plus digne personne du monde. Je suis, mon cher cousin, votre, etc. Charlotte Montaigu. Tu vois que cette lettre ne pouvait arriver plus à propos. J’espère que milord ne m’écrira rien que je ne puisse montrer à ma charmante. Je viens de lui envoyer la lettre de Charlotte, et j’en espère d’heureux effets. " j’avais