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à réduire cet ange au rang des femmes, pour orner ce sexe et la nature humaine, (car elle leur ferait honneur par ses foibles même), alors je suis à toi, et jamais je n’entreprendrai de te résister. Ici, Belford, je me suis levé, je me suis secoué quelques momens. Ma fenêtre étoit ouverte. La conscience, cette hardie, cette incommode hôtesse, a pris son vol dans les airs. Cependant je l’aperçois encore. Je la vois, je la vois qui s’éloigne, qui diminue à mes yeux, et qui leur échappe par degrés. Ma foi ! Elle entre dans les nues. Je la perds de vue, et je me retrouve encore une fois. Robert Lovelace.



M Lovelace, à M Belford.

mardi, 23 de mai. Il était tems, et j’ai fort bien fait de renoncer à Madame Fretchville et à sa maison. Mennell m’est venu déclarer qu’en conscience et en honneur, il ne peut aller plus loin. Il ne voudrait pas, dit-il, pour le monde entier, servir à tromper une personne de ce mérite. Je suis un fou, messieurs, de vous avoir accordé l’honneur de la voir. Depuis ce moment, je vous trouve, à tous deux, des scrupules dont vous n’auriez pas été capables l’un et l’autre, si vous aviez cru simplement qu’il fût question d’une femme. Eh bien ! Je ne puis qu’y faire. Mennell a consenti néanmoins, quoiqu’avec un peu de résistance, à m’écrire une lettre ; pourvu que cette démarche soit la dernière que j’exige de lui dans mon entreprise. Je m’imaginais, lui ai-je dit, que si je pouvais introduire la femme de chambre de Madame Fretchville à sa place, il n’aurait pas d’objection à faire contre ce nouveau systême. Non, m’a-t-il répondu ; mais n’est-ce pas une pitié… la pitoyable ame ! Ces pitiés ridicules ressemblent à celle de certaines gens, qui ne voudraient pas, pour tout au monde, avoir tué un innocent poulet ; mais qui sont les plus avides à le dévorer lorsqu’il est tué. Cette lettre enfin donne la petite vérole à la femme de chambre, qui l’a malheureusement communiquée à sa vaporeuse maîtresse. Les vaporeux, comme tu sais, sont la proie continuelle des maladies. Qu’on en nomme une en leur présence, c’est aussitôt la leur. Mais il n’est pas besoin de plus d’explication, après ce que je t’ai fait entendre dans ma lettre précédente. La dame, par conséquent, ne peut quitter sa maison, et le rôle de Mennell est fini. Il faut abandonner ce pitoyable homme aux reproches de sa conscience ; mais pour ses péchés propres, et non pour ceux d’autrui. Sa lettre est adressée, à monsieur, ou, dans son absence, à Madame Lovelace . Madame m’avait refusé l’honneur de me voir et de dîner avec moi. J’étais absent de la maison lorsque la lettre est arrivée. Elle l’a ouverte. Ainsi, toute fière et toute impertinente qu’elle est, la voilà Madame Lovelace de son consentement. Je suis ravi que la lettre soit venue avant que nous soyons entièrement réconciliés. Peut-être aurait-elle jugé, dans un autre tems, que c’était quelque invention pour amener un délai. D’ailleurs nous pouvons racommoder à présent tout à la fois nos