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préliminaire ? ô madame ! Suis-je donc coupable, d’être devenu furieux de cette crainte, et n’ai-je pas eu droit de vous reprocher que vous n’aviez pour moi que de la haine ? Aujourd’hui, très-chère Clarisse, qu’il me soit permis de vous demander encore une fois ce que Miss Howe pense de mes propositions ? Si j’étais d’humeur à disputer avec vous, M Lovelace, il me serait fort aisé de répondre à votre belle harangue. Mais je me contenterai de vous dire, à présent, que vos procédés m’ont toujours paru inexplicables. Si vous n’avez eu que de justes intentions, il me semble que vous vous êtes fort étudié à les rendre obscures. Je ne puis décider si c’est faute d’une tête saine, ou d’un cœur pur ; mais je suis réellement persuadée que la plus grande partie de votre étrange conduite doit être attribuée à l’un ou à l’autre de ces deux défauts. Malédiction, me suis-je écrié, sur le petit diable

qui vous excite à penser si mal du cœur le plus fidèle du monde ! " comment osez-vous, monsieur… " elle s’est arrêtée là, dans la crainte apparemment de s’expliquer trop, comme j’avais dessein de l’y engager. Comment j’ose… quoi donc, madame, ai-je dit en la regardant d’un air qui signifiait beaucoup ; qu’ai-je osé ? " dangereux esprit ! Osez-vous… l’expression a paru lui manquer encore une fois. " j’ose… qu’ai-je donc osé, madame ? Et pourquoi dangereux esprit ? " comment osez-vous maudire quelqu’un en ma présence ? " c’était revenir doucement sur ses pas : mais on n’échappe pas si facilement à Lovelace. " quoi donc, chère Clarisse ? Y a-t-il quelqu’un , en effet, qui vous excite ? Si quelqu’un

fait ce rôle contre moi, je le maudis, n’en doutez pas, quel qu’il puisse être. " elle a paru dans une charmante petite fureur. C’est la première fois que les dés ont été en ma faveur. " je vois, chère miss, que mes soupçons ne m’ont pas trompé. Il m’est facile à présent d’expliquer une humeur qui ne peut vous être naturelle. " artificieux esprit ! Est-ce ainsi que vous me faites donner dans tous vos pièges ? Mais sachez, monsieur, que je ne reçois de lettres que de Miss Howe. Miss Howe n’approuve pas plus que moi plusieurs de vos procédés ; car je lui communique tout ce qui m’arrive. Cependant, elle n’est pas plus votre ennemie que la mienne. Elle croit que je ne dois pas refuser vos offres, et que je dois me soumettre à mon sort. Vous êtes instruit à présent de la vérité. Plût au ciel que vous fussiez capable d’autant de bonne foi ! " je le suis, très-chère miss. Ici, à genoux, devant mon adorable Clarisse, je renouvelle tous les sermens qui doivent me donner à elle ; et je n’aspire qu’au moment de pouvoir bénir elle et Miss Howe tout d’une haleine. " pour te parler sincérement, Belford, j’avais commencé à soupçonner cette Miss Howe, qui n’aime pas Hickman, j’en suis sûr, d’être amoureuse de moi. Levez-