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conséquences. à l’égard de la défense des visites, je suis résolue de m’y conformer. Mais pour celle qui regarde notre correspondance, il n’y a que la menace d’intercepter nos lettres qui puisse me la faire observer. Ma tante est persuadée que cet ordre vient de mon père, sans que ma mère ait été consultée ; et qu’il ne s’y est déterminé que par considération pour moi, dans la crainte à ce qu’elle suppose, que je ne l’offense mortellement, poussée par les conseils d’autrui (c’est de vous sans doute, et de miss Loyd, qu’elle veut parler) plutôt que par ma propre inclination ; car elle m’assure qu’il parle encore de moi avec bonté, et même avec éloge.

Voilà de la tendresse ! Voilà de l’indulgence ! Et cela, pour empêcher une fille opiniâtre de se précipiter dans la révolte, et de se perdre entiérement, comme ferait un bon prince, pour des sujets mal affectionnés. Mais toutes ces sages mesures, viennent de la prudence de mon jeune homme de frère. Un conseiller sans tête, et un frère sans cœur !

Que je pourrais être heureuse avec tout autre frère que M. James Harlove, et avec toute autre sœur que sa sœur ! Ne vous étonnez pas, ma chère, que moi, qui vous reprochais ces sortes de libertés à l’égard de mes parens, je sois aujourd’hui plus rebelle que vous n’avez été désobligeante. Je ne puis supporter l’idée d’être privée du plus doux plaisir de ma vie ; car c’est le nom que je donne à votre conversation, de bouche ou par lettres. Et qui pourrait soutenir d’ailleurs de se voir la dupe de tant de bas artifices, qui opèrent avec tant de hauteur et d’arrogance. Mais vous sentez-vous capable, ma chère Miss Howe, de condescendre à une correspondance secrète avec moi ? Si vous le pouvez, je me suis avisée d’un moyen qui m’y paraît fort propre.

Vous devez vous souvenir de l’allée verte (c’est ainsi que nous la nommons) qui règne le long du bûcher, et de la basse-cour où je nourris mes bantams , mes faisans et mes paons ; ce qui m’y conduit ordinairement deux fois le jour, parce que ces animaux me sont d’autant plus agréables que mon grand père les a recommandés à mes soins ! Et cette raison me les a fait transporter ici depuis sa mort. L’allée est plus basse que le rez-de-chaussée du bûcher ; et du côté de cet édifice, les ais sont pourris en plusieurs endroits jusqu’à deux ou trois pieds de terre. Hannah peut se rendre dans l’allée, et faire une marque de craie au-dessus du lieu où l’on pourra placer une lettre ou un paquet sous quelques pieces de bois. Il ne sera pas difficile de ménager un endroit propre à recevoir nos dépôts de part et d’autre.

Je viens moi-même de visiter le lieu, et je trouve qu’il répond à mes vues. Ainsi votre fidèle Robert peut, sans s’approcher du château, et feignant de passer seulement par l’allée verte, qui conduit à deux ou trois métairies, (sans livrée, s’il vous plaît) prendre aisément mes lettres, et laisser aussi facilement les vôtres. Cet endroit est d’autant plus commode, qu’il n’est guere fréquenté que de moi-même ou d’Hannah, par le motif que j’ai dit. C’est le magasin général du bois, car le bûcher d’usage ordinaire est plus proche de la maison. Comme on en a séparé un coin, pour servir de juchoir à mes oiseaux, Hannah ou moi, nous ne manquerons jamais de prétexte pour y entrer. Essayez, ma chère, le succès d’une lettre par cette voie, et donnez-moi votre avis sur la fâcheuse situation où je me