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je souhaitais de pouvoir toujours donner de mes nouvelles dans l’espace de deux ou trois heures. Si j’avais des vues sur quelque autre lieu que Windsor, il n’attendait que mes ordres pour m’y faire préparer un logement commode. Mais, de quelque côté que je tournasse mon choix, plus près ou plus loin de Miss Howe, il avait des domestiques, dont la plus importante affaire était de m’obéir. Il m’a fait une proposition dont je lui ai su bon gré, celle de reprendre mon ancienne Hannah, aussi-tôt que je serais fixée, à moins que je n’aimasse mieux avoir près de moi une des deux filles de Madame Sorlings, dont il m’avait entendu louer le caractère. Le nom d’Hannah m’a fait beaucoup de plaisir, comme il a pu s’en appercevoir. Je lui ai dit que j’avais déjà pensé à rappeler cette bonne fille ; qu’à l’égard des deux autres, elles étoient trop utiles à leur famille, où chacune avait son office, qu’elles remplissaient toutes deux avec une ardeur admirable ; que, dans la satisfaction que je prenais à les voir, je passerais volontiers mes jours avec elles, sur-tout, lorsqu’après son départ le logement me deviendrait plus commode. Il n’était pas besoin, m’a-t-il dit, de répéter les objections qui combattaient ce dessein. à l’égard de Windsor, ou de tout autre lieu que je pourrais choisir, je déciderais aussi s’il devait m’y accompagner ; parce que, dans tous les points où non-seulement ma réputation, mais ma délicatesse même seraient intéressées, il ne consulterait point d’autres idées que les miennes ; et, puisqu’il m’avait trouvée la plume à la main, il était tenté de me laisser dans cette occupation, et de monter à cheval sur le champ, pour aller prendre langue dans le lieu qu’il me plairait de nommer. Connoissez-vous quelqu’un à Windsor ? Lui ai-je demandé, pour être toujours sur mes gardes. Croyez-vous qu’il s’y trouve des logemens commodes ? à l’exception de la forêt, m’a-t-il dit, où j’ai pris souvent le plaisir de la chasse, Windsor est, de tous les lieux agréables celui que j’ai le moins fréquenté. Je n’y ai pas la moindre connaissance. Après d’autres réflexions, je suis convenue que Windsor avait une partie des qualités que je désirais à ma retraite ; et je lui ai dit que, s’il pouvait trouver une chambre seulement pour moi, et un cabinet pour Hannah, je m’y rendrais volontiers. J’ai ajouté que le fonds de mes richesses n’était pas considérable, et que je voulais éviter d’avoir obligation à personne. Enfin, je lui ai fait entendre que le plus tôt serait le mieux, parce que rien ne l’empêcherait de partir sur le champ pour Londres ou pour Berkshire, et que je publierais alors mon indépendance. Il m’a renouvelé, dans des termes fort civils, l’offre d’être mon banquier. Je ne m’en suis pas excusée moins civilement. Cette conversation, à tout prendre, avait eu beaucoup d’agrément pour moi. Il m’a demandé si je souhaitais que mon logement fût dans Windsor, ou hors de la ville. Aussi près du château, lui ai-je dit, qu’il sera possible ; parce que j’aurai la facilité d’assister au service divin, dont je n’ai été privée que trop long-temps. Il serait charmé, m’a-t-il dit, s’il pouvait me procurer un logement chez quelque chanoine du château, où il s’imaginait que, par diverses raisons, je me plairais plus que dans tout autre lieu ; et, pouvant se reposer sur