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Miss Clarisse Harlove, à Miss Howe.

mercredi, à 4 heures après midi. Je reviens du dépôt, où j’ai porté la lettre que je venais de finir, avec celle de M Lovelace que je ne vous avais point envoyée. J’ai été surprise d’y trouver encore ma lettre précédente. Ainsi vous les recevrez toutes deux à la fois. Il me reste néanmoins quelque inquiétude sur le retardement de celle que vous devriez avoir reçue. Mais je conçois que votre messager n’est pas toujours libre. Je ne laisserai pas de porter tout ce que j’écrirai, aussi-tôt que chaque lettre sera finie. La prudence ne me permet pas, à présent, de garder le moindre papier autour de moi. Je suis même obligée de m’enfermer pour écrire, dans la crainte d’être surprise, depuis qu’on ne me croit plus d’encre et de plumes. J’ai trouvé une nouvelle lettre de ce diligent et officieux personnage. Elle me confirme qu’il ne se passe rien dans cette maison dont il ne soit informé sur le champ ; car elle doit avoir été écrite avant qu’il ait pu recevoir mon dernier billet, et déposée apparemment lorsqu’on est venu le prendre : cependant il me félicite sur la fermeté que j’ai marquée, dans cette occasion, avec M Solmes et mon oncle. Il m’assure néanmoins " qu’ils sont plus déterminés que jamais à l’emporter sur moi. Il me fait des complimens de la part de tous ses proches. Leur plus ardente envie, dit-il, est de me voir dans leur famille. Il me presse de quitter cette maison, tandis que j’en ai le pouvoir. Il me demande encore la permission d’envoyer le carrosse de son oncle, à six chevaux, pour attendre mes ordres à la barrière qui mène au taillis. " il répète que les articles dépendront de ma volonté. Milord M et ses deux tantes se rendront garans de son honneur et de sa droiture. Mais si je ne souhaite pas de choisir pour asile la maison de l’une ou de l’autre de ses tantes, ni de le rendre le plus heureux des hommes aussitôt qu’il le désire, il me propose de me retirer dans ma propre terre, et d’y accepter la garde et la protection de Milord M jusqu’à l’arrivée de M Morden. Il sait le moyen, dit-il, de m’y établir avec autant de facilité que d’honneur. à la première invitation de ma part, elle sera remplie de toutes ses parentes. Madame Norton et Miss Howe ne se feront pas presser, apparemment, pour y venir passer quelque tems avec moi. Plus d’obstacle alors, ni de prétexte aux chicanes : et si c’est mon intention, il ne m’y rendra pas la moindre visite ; il ne parlera point de mariage, que la paix ne soit rétablie, qu’il n’ait employé toutes les méthodes que je lui prescrirai pour se réconcilier avec mes amis, que mon cousin ne soit arrivé, qu’on n’ait dressé des articles auxquels M Morden ait donné son approbation, et que je ne sois satisfaite des preuves que j’aurai reçues de sa réformation. " à l’égard de la répugnance qu’une personne de mon caractère peut sentir à quitter la maison paternelle, il observe, (et je crois son observation trop vraie) " que le traitement que j’essuie est dans la bouche de tout le monde. Cependant il m’assure que la voix publique est en ma faveur. Mes amis, eux-mêmes, dit-il, s’attendent que je me ferai justice,