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est prêt, dit-il, à reconnaître solemnellement, que ses folies passées excitent son propre mépris. Ses yeux sont ouverts. Il ne lui manque plus que mes instructions particulières, pour assurer l’ouvrage de sa réformation. " il s’engage à faire tout ce qui peut s’accorder avec l’honneur, pour obtenir sa réconciliation avec mon père. Il consent, si je l’exige, à faire les premières démarches du côté même de mon frère, qu’il traitera comme son propre frère, parce qu’il est le mien ; à la seule condition qu’on ne fera pas revivre, par de nouveaux outrages, la mémoire du passé. " il me propose, dans les termes les plus humbles et les plus pressans, une entrevue d’un quart-d’heure, pour me confirmer la vérité de tout ce qu’il m’écrit, et me donner de nouvelles assurances de l’affection, et, s’il est besoin, de la protection de toute sa famille. Il me confesse qu’il s’est procuré la clef d’une porte du jardin, qui mène à ce que nous nommons le taillis ; et que, si je veux seulement tirer le verrou, du côté intérieur, il peut y entrer la nuit, pour attendre l’heure qu’il me plaira de choisir. Ce n’est point à moi qu’il aura jamais la présomption de faire des menaces ; mais si je lui refuse cette faveur, dans le trouble où le jettent quelques endroits de ma lettre, il ne sait pas de quoi son désespoir peut le rendre capable. " il me demande ce que je pense de la détermination absolue de mes amis, et par quelle voie je crois pouvoir éviter d’être à M Solmes, si je suis une fois menée chez mon oncle Antonin, à moins que je ne sois résolue d’accepter la protection qui m’est offerte par sa famille, ou de me réfugier dans quelque autre lieu, tandis que j’ai le pouvoir de m’échapper. Il me conseille de m’adresser à votre mère, qui consentira peut-être à me recevoir secrètement, jusqu’à ce que je puisse m’établir dans ma terre, et me réconcilier avec mes proches, qui le désireront autant que moi, dit-il, aussi-tôt qu’ils me verront hors de leurs mains. " il m’apprend (et je vous avoue, ma chère, que mon étonnement ne cesse pas de lui voir toutes ces connaissances) qu’ils ont écrit à M Morden pour le prévenir en faveur de leur conduite, et le faire entrer sans doute dans tous leurs projets : d’où il conclut que, si mes amis particuliers me refusent un asile, il ne me reste qu’une seule voie. Si je veux, dit-il, le rendre le plus heureux de tous les hommes en m’y déterminant par inclination, les articles seront bientôt dressés, avec des vides que je remplirai à mon gré. Que je lui déclare seulement, de ma propre bouche, mes volontés, mes doutes, mes scrupules, et que je lui répète qu’aucune considération ne me rendra la femme de Solmes, son cœur et son imagination seront tranquilles. Mais, après une lettre telle que ma dernière, il n’y a qu’une entrevue qui puisse calmer ses craintes. Là-dessus, il me presse d’ouvrir le verrou dès la nuit suivante, ou celle d’après, si sa lettre n’arrive point assez tôt. Il sera déguisé d’une manière qui ne donnera aucun soupçon, quand il serait aperçu. Il ouvrira sa porte avec sa clef. Le taillis lui servira de logement pendant les deux nuits, pour attendre l’heure propice ; à moins qu’il ne reçoive de moi des ordres contraires, ou quelque arrangement pour une autre occasion ". Cette lettre est datée d’hier. Comme je ne lui ai pas écrit un mot, je suppose qu’il étoit la nuit passée dans le taillis, et qu’il y sera cette nuit ; car il est trop tard à présent pour me déterminer sur ma réponse. J’espère qu’il n’ira pas chez M Solmes ; et je n’espère pas moins qu’il ne