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ROBERT.

J’avais des vues… Je voulais qu’un joli mariage…

LISBETH.

Tu peux y renoncer.

ROBERT.

Je t’ai beaucoup aimée, je t’aime encore.

LISBETH.

Jadis tu m’étais indifférent, maintenant je le déteste.

ROBERT.

Frank, votre jardinier, serait-il mon rival ? Ce gaillard me déplaît.

LISBETH.

Tant pis.

ROBERT.

Jadis sergent dans le régiment de M. le Comte, je ne sais pourquoi il s’est fait jardinier ?

LISBETH.

Pour me plaire.

ROBERT.

Friponne ! tu en vaux bien la peine. Tu t’es fâchée avec moi pour une bagatelle.

LISBETH.

Double traître ! tu nommes bagatelle les projets du baron de Walbrune, ton maître ! Depuis six mois que vous habitez le comté d’Hasberg, la douleur et la perfidie y sont en permanence. Ah ! je forme des vœux.

ROBERT.

Pour notre départ ?

LISBETH.

Tu as le don de lire dans mon âme.

ROBERT.

Là, là, tout doux, ma belle.

LISBETH.

Non, je te déclare la guerre.

ROBERT.

À outrance ?

LISBETH.

(À part.) Feignons pour être instruite. (haut) À moins que tu ne m’apprennes quel sera pour nous le résultat de votre entreprise.

ROBERT.

Eh bien, parlons sans aigreur ; (Avec confidence) cesse d’en vouloir à M. le Baron. Nous avons des projets de fortune.

LISBETH.

Des projets de fortune ! C’est bien différent : parle avec confiance.