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vant rend d’une manière expressive la douleur de ceux qui l’ont perdue :

Ici repose une mère chérie,
Sa bonté, ses vertus la firent admirer.
A nous aimer elle a passé sa vie,
Passons la nôtre à la pleurer.

A trois ou quatre pas, et toujours sur le chemin rond qui enclôt le tertre ; une pierre tumulaire recouvre la froide dépouille d’une jeune fille de six ans, Pauline Bertereau, que la main de fer du destin arracha des bras de sa famille, le 15 mai 1824. Les six vers suivans, que l’on a gravés sur la pierre, sont riches de poésie et d’énergie.

Ange chéri, dont la vie éphémère
A passé comme un vent léger,
Prends pitié des pleurs de ta mère ;
Et si Dieu voulut l’affliger,
Demande-lui de protéger
Ceux que tu laisses sur la terre.

Un peu après, est une pierre tumulaire fort simple, consacrée à la mémoire d’un homme connu par ses talens cuisiniares, Laurent Henneveu, restaurateur, boulevard du temple, à l’enseigne du Cadran Bleu, décédé à 39 ans, le 6 décembre 1819. On a gravé sur sa tombe ces mots expressifs :

Vous qui l’avez connu, pleurez… !

Sur un tableau placé au-dessus de cette tombe, on lit le quatrain suivant, adressé à la mémoire du défunt, par les employés de sa maison, le 9 août 1820.

Il est perdu pour nous ce maître respectable,
Dont le cœur vertueux faisait notre bonheur.
Il ne vit plus : la parque inexorable
L’enlève à notre amour et nous condamne aux pleurs !

D’où nous avons conclu que la douleur des employés était bien plus éloquente lorsqu’elle s’exprimait en prose.