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la ville ; chacun a fouillé à sa poche pour contribuer à son acquisition, et les administrateurs de nos fonds rendent leurs comptes en latin à des administrés qui, pour la plupart, ne le comprennent pas. C’est une mauvaise plaisanterie, et qui dure depuis trop long-temps : espérons qu’incessamment on voudra bien la terminer. En attendant, traduisons au peuple ce que veulent dire ces légendes latines qu’il regarde tout ébahi, et se demandant pourquoi on les a placés là tout exprès pour qu’il n’y comprenne rien.

Sur le pilastre droit, on lit cette sentence : Spes illorum immortalitate plena est (sap. iii.v). Leur espérance est pleine d’immortalité. Livre de la sagesse, 5e verset. Sur le pilastre gauche cette maxime de l’Evangile. Qui credit in me, etiamsi mortuus, vivet (Joann XI). Qui croit en moi, quand même il serait mort vivra. (Jean XI.)

Une autre mauvaise plaisanterie, faite sans réflexion, c’est d’avoir placé sur les ventaux de la porte, ces immortelles paroles du pauvre Job Scio quòd redemptor meus vivit et in novissimo die de terrâ surrecturus sum. (Job XIV). Je sais que mon rédempteur est vivant, et qu’au dernier jour je ressusciterai de la terre où je serai enseveli. Cette inscription ne peut se lire que quand le cimetière est fermé, époque à laquelle on n’a pas l’habitude d’y venir. Quand il est ouvert, cela ne forme plus qu’une charade indéchiffrable dont la première moitié est aussi peu compréhensible que la seconde. Le mauvais goût qui a présidé à l’emplacement de cette citation, est peu en harmonie avec la finesse, l’élégance et la délicatesse qui caractérisent si bien le 19e siècle. Du reste, le coup d’œil agréable que présente le cimetière, dès la porte d’entrée, rachète un peu ce défaut de goût. Le terrain s’est si habilement disposé sous le crayon de M. Brongniart, que rien de lugubre et de sinistre ne vient attrister les yeux qui se plongent curieusement à droite et à gauche ; on n’entrevoit que de riches coteaux surchargés de rians bosquets ; une verdure éblouissante, et partout des fleurs ;