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reux et variés ; ce mélange de plaines, de coteaux et de plateaux offrant mille inégalités pittoresques. Le superbe coup-d’œil donton jouit sur les collines, et enfin es affections religieuses et respectables des parens pour la mémoire des leurs, achevèrent de faire la fortune de ce cimetière, et le transformèrent en un véritable Elysée.

Alors les hommes opulens s’empressèrent à l’envi de couvrir ce sol de monumens plus ou moins fastueux : les uns y développèrent toute la richesse des beaux arts ; les autres, toute la bizarrerie de l’imagination : tous les genres, toutes les formes de tombeaux usitées jusqu’à ce jour, vinrent se placer dans cette enceinte funèbre ; et ce fut justement cette confusion de tous les genres qui fit la principale beauté de ce dernier asile de la mort. Un monument superbe, élevé près d’une pierre modeste, forme un contraste qui n’attriste pas l’œil, dès que l’on réfléchit que, sous ces deux cénotaphes si différens de forme et de richesse, repose une simple poussière parfaitement semblable.

Les élèves de l’Ecole de Médecine, en portant à bras le corps de l’un de leurs maîtres bien-aimés, le docteur Béclard, renouvelèrent pour la France ces funérailles patriotiques, usitées chez les anciens. Les obsèques du général Foy vinrent ajouter encore plus d’énergie à ces derniers devoirs rendus par une nation reconnaissante aux grands hommes qui avaient bien mérité de la patrie : là, par le temps le plus affreux, cent mille hommes, à partir du premier jusq’au dernier échelon de la société, accompagnent la dépouille mortelle jusqu’à son dernier asile, et deux millions d’hommes dotent les fils du guerrier citoyen que la France venait de perdre.

Dès-lors l’opinion publique conserve ce tribut d’amour et de reconnaissance au trépas d’un grand citoyen. Talma, La Rochefoucault, Manuel reçoivent les mêmes honneurs ; et si l’autorité, peu bienveillante pour ces hommages désintéressés, a cherché quelquefois à entraver leur expansion, elle n’a pu les arracher du cœur de la France entière, qui regarde leur manifestation comme un devoir