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Quel rapport entre une opération mercantile, et la sublimité de la religion…!

Et M. Lamy, dont l’obélisque, après nous avoir appris qu’il fut marchand de fromages, rue Saint-Antoine, no  58, s’exhale en regrets et en lamentations sur le décès du défunt, arrivé le 23 mai 1829, à l’âge de 34 ans. Que sa mort ait fait couler des pleurs, nous le concevons facilement ; mais qu’avions-nous besoin de savoir qu’il vendait, et où il vendait des fromages ?

Sur un tombeau près du mur, une minutie, un rien nous a mille fois plus touchés que le sentiment emphatique de la tombe ci-dessus : ici dort Jean-Hippolyte, enfant de 6 ans et demi, ravi à l’amour de ses parens le 27 février 1829. On a gravé sur sa pierre : Adieu, petit pepère ; adieu, petite maman ; il y a là dedans une naïveté qui porte à l’âme quand on a su ce que c’était que d’être père.

Il y a quelque chose de déchirant sur une tombe peu éloignée ; là, sous une vaste boîte renfermant tous les joujoux du jeune âge, dort Alexandrius Juillet, décédée le 13 mars 1929, à l’âge de 4 ans ; la douleur de sa mère a été fortement exprimée par les vers suivans, qui sont pleins de force et de poésie.

Quatre printemps à peine avaient vu mon enfant ;
Ma vie et mon bonheur, tout eût été pour elle :
Je crois la voir encor, je l’entends qui m’appelle ;
Que n’ai-je pu mourir, hélas ! au même instant !

Que c’est bien là la douleur d’une mère… mais, ce qui fait le plus de mal, c’est de lire ensuite :

Près de mourir, elle nous disait : ne pleure pas, papa ; ne pleure pas, maman, je me sens mieux… et elle mourut…!

Il y a dans ce : et elle mourut, quelque chose qui déchire l’âme.

Près d’expressions semblables, que les vers suivans paraissent froids !

Nous t’avons perdue, ô Sophie !
Il était si doux d’espérer ;