Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 66 ]

« Qui peut entreprendre, disait Vauban, quelque chose de plus grand et de plus utile qu’une colonie ? N’est-ce pas par ce moyen, plus que par tout autre, qu’on peut avec toute la justice possible s’agrandir et s’accroître ?[1] » Et Louis XIV lui-même, qui pendant quelque temps parut s’occuper un peu sérieusement de ses colonies, le comprenait bien aussi lorsqu’avec tant de sagesse il écrivait en 1686 à M. de Champigny, intendant du Canada : « Pénétrez-vous bien de cette maxime qu’il vaut mieux occuper moins de terrain et le peupler entièrement, que de s’étendre sans mesure et avoir des colonies faibles, à la merci du moindre accident[2]. »

    terres, etc. Ces paroles malheureusement ne furent pas écoutées avec toute l’attention qu’elles méritaient.

    Cf. Charlevoix. T. II, liv. VIII. — Garneau, liv. III, c. I. Hist. de France. Tome VII, vol. I, liv. II, c. I. Ferland. Tome I, liv. III, c. XIII.

    Le comte de Frontenac, par Henri Lorin. Introd.

  1. Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, né à Saint-Léger-de-Foucherets (Yonne) en 1633, mort à Paris, en 1707. En 1651, Vauban rejoignit un gentilhomme de sa paroisse qui servait dans l’armée de Condé et qui l’incorpora dans sa compagnie. Ses connaissances le firent bientôt attacher au service des fortifications. Fait prisonnier par les troupes royales en 1653, Mazarin le gagna à la cause du roi. En 1655, reçut le brevet d’ingénieur du roi, et de 1655 à 1659, prit une part active à la guerre de Flandre. En 1667, dirigea les sièges de Douai, Tournai, Lille, Dôle. Devint collaborateur assidu de Louvois et de Colbert. En 1673, dirige le siège de Maëstricht, qu’il oblige à capituler. En 1674, il prend sous les yeux du roi Besançon et Dôle. Nommé brigadier et maréchal de camp en 1676. En 1678, devient commissaire général des fortifications et entoure la France, de Dunkerque aux Pyrénées Orientales, d’une admirable ceinture de forteresses. En 1683 il prend Luxembourg. Nommé maréchal de France en 1703 et chevalier des ordres du roi en 1705. C’est le plus grand ingénieur militaire qu’ait eu la France. Il a aimé le peuple d’un amour profond, et l’un des premiers il a revendiqué l’égalité de l’impôt pour tous les citoyens. Ses principaux ouvrages sont : La Dîme Royale (1707) ; Traité de l’attaque et de la défense des places (1739) ; Essai sur les fortifications (1749) ; Traité de la culture des forêts, etc. — L’on disait : « Ville assiégée par Vauban, ville prise. » « Ville défendue par Vauban, ville imprenable »
  2. Jean Bochart-Noray, chevalier de Champigny, cinquième intendant de