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Cet état de choses ne pouvait durer longtemps. L’Acadie était trop faible et trop peu soutenue pour que ses ennemis lui permissent de continuer à menacer ainsi le commerce et la sécurité des établissements de la Nouvelle-Angleterre. Exaspérés, poussés à bout par les désastres nombreux qu’ils avaient essuyés, les anglo-américains se résolurent à tenter les plus grands efforts pour sortir d’une situation qui était devenue intolérable. Le sort final ne pouvait qu’être en leur faveur, car leur nombre était bien supérieur à celui des Acadiens ; la France, insouciante, ou occupée ailleurs, ne viendrait pas au secours de sa colonie. Et pourtant, encore que les forces des deux adversaires fussent extrêmement disproportionnées, la lutte fut plus longue et plus acharnée qu’on n’eût dû s’y attendre, les succès et les revers également balancés tinrent longtemps en suspens le résultat. Il ne fallut pas moins aux Anglais de quatre expéditions pour s’emparer de Port-Royal, où l’intrépide Subercase, puissamment secondé par le baron de Saint-Castin et d’autres capitaines, ayant sous leurs ordres des indiens, fit des prodiges de valeur. La première de ces expéditions fut entreprise par Church, le fameux Squaw-killer ; mais, poussé plutôt par l’idée du pillage et désirant remporter des exploits faciles, Church ne tenta aucun coup sérieux contre Port-Royal ; il fit seulement une descente à Beaubassin où il enleva tout le bétail qu’il put trouver, après avoir fait rompre les digues, brûler les habitations et causer toutes sortes d’autres dommages[1]. Une seconde expédition, com-

  1. « Le colonel Church, dit Rameau, le plus habile officier des colonies anglaises, le seul même, à dire vrai, qui entendit réellement cette guerre spéciale de partisans et de surprises, que les Français pratiquaient avec tant de succès. » Loc. cit. I, 217.

    Le texte de Richard porte que Church fit aussi une descente aux Mines. Cela