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l’Acadie, Cromwell, sans égard pour la paix qui régnait entre les deux royaumes, conçut le projet de s’emparer de cette colonie. Comme l’Angleterre et la Hollande étaient alors en guerre, il envoya des vaisseaux avec l’ordre de conquérir d’abord la Nouvelle Hollande (New York) ; cela fait, la flotte devait remonter les côtes jusqu’en Acadie et se saisir de cette province. La paix fut signée avant que le premier projet put être accompli ; le second fut exécuté, et d’autant plus facilement que l’Acadie n’était pas en état d’opposer une résistance sérieuse (1645). L’expédition était sous le commandement du major général Sedgwick.

En 1667, l’Acadie fut de nouveau rendue à la France par le traité de Bréda, et en 1670 M. de Grandfontaine vint officiellement en prendre possession[1]. Comme on le pense bien, ces dissensions, ces attaques répétées, l’incurie de la France, ces perpétuels abandons et recommencements, tout cela n’était pas de nature à assurer l’avenir de l’œuvre coloniale ; aussi le recensement qui fut fait en 1671 par M. de Grandfontaine, — recensement déposé aux archives du ministère des colonies, à Paris, ci-devant au ministère de la marine, — accuse-t-il un triste état de choses.[2] Après tant de sacrifices de temps et d’argent, ce dénombrement ne donne qu’une population d’environ quatre cents âmes, dont

  1. Hubert d’Andigny de Grandfontaine, ci-devant capitaine au régiment de Carignan, puis au régiment de Poitou, et maintenant major d’infanterie, avait servi avec distinction sous M. de Tracy, tant en Europe qu’en Canada. Il fut le premier gouverneur en titre de l’Acadie ; jusque là l’Acadie avait été comme une espèce de principauté où le seigneur était la seule autorité. Désormais, il y eut un gouverneur royal. M. de Grandfontaine remplit ces fonctions jusqu’en 1680. — V. Rameau. Une colonie féodale en Amérique. Tome I, c. IV. Paris, Plon, 1889.
  2. Voir ce recensement publié in-extenso dans la France aux Colonies, note 4 du ch. II, p. 124.