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cielles ou autres, concernant ce sujet, pour en dévoiler l’âme, la substance réelle, surprendre, sous les mots vagues ou trompeurs, entre les lignes d’une rédaction de commande, les intentions, les vrais sentiments des parties intéressées. Nous avons abordé cette étude dans un parfait esprit d’impartialité, et avec l’espoir de trouver quelque raison valable à cette déportation, et de délivrer ainsi notre âme de la lourde oppression qui la faisait gémir. Hélas ! nous n’avons rien vu qui ait pu justifier cette mesure, tout au contraire. Du moins avons-nous acquis la consolation de savoir que ce crime ne porte pas directement ou tout entier sur une nation, mais sur des individus que l’histoire n’a pas encore flétris convenablement. Le gouvernement de la Métropole sort indemne de l’enquête approfondie que nous avons menée pour découvrir les véritables auteurs de ce forfait. Toute la honte en rejaillit sur les Lawrence, les Belcher, les Wilmot, les Morris et leurs complices. Il est juste que le front de ces personnages en demeure stigmatisé.

Tout en réprouvant la politique égoïste et astucieuse qui fait invariablement le fond de la diplomatie britannique, l’on ne peut se refuser d’admettre que l’Angleterre doit sa haute position à la sagesse et à la largeur de vues de ses hommes d’État. Un ministère succédait à un autre, mais dans les grandes lignes de sa politique, rien n’était changé. Sans enthousiasme subit, mais aussi sans défaillance, sans volte-face inattendue, l’Angleterre marchait vers son but avec la même ferme résolution, la même âpre ténacité. Les obstacles qu’elle rencontrait sur sa route ne semblaient servir qu’à aiguiser ses convoitises et à fortifier ses déterminations.

La politique de la France peut se résumer en une défini-