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paraissait pas supposer qu’il s’éloignât beaucoup de la réalité. Haliburton, qui écrivait quarante ans plus tard, cite les appréciations de Raynal en faisant observer qu’elles sont plus près de la vérité qu’on ne pourrait le croire.

Cet Haliburton n’était pas un étranger, mais un enfant du sol[1]. Son père, un Loyalist, s’était en effet établi en

  1. Thomas-Chandler Haliburton est né à Windsor (Nouvelle-Écosse) en 1796 ; il prit son éducation au King’s College de cette ville ; il fut admis au barreau en 1820 ; fut élu député à la Législature de sa province ; se distingua comme avocat ; fut nommé en 1828 juge-en-chef de la cour des plaids communs. — On appelait ainsi en Angleterre un tribunal créé sous Richard 1er, rendu sédentaire à Westminster dès le 12e siècle, composé d’un chief-justice, et de juges puisnés, primitivement au nombre de 6, réduits à 4 depuis Édouard VI. Sa juridiction qui s’étendait d’abord à toutes les actions civiles de sujet à sujet, avait été réduite en fait aux seules actions réelles. On appelait de ses jugements à la cour de l’échiquier. Le Judicature Act de 1873 l’a supprimé. — Haliburton est surtout célèbre comme humoriste et satiriste. Pour être juste dans l’appréciation de ses ouvrages, il faut tenir compte des conditions si peu favorables au travail littéraire dans lesquelles il les a composés. La Nouvelle-Écosse d’alors, petite province, sans contact avec le reste du Canada, n’était pas ce qui s’appelle un milieu « entraînant » pour l’inspiration. En politique, Haliburton fut toujours du parti conservateur. Il publia en 1829 An Historical and Statistical account of Nova Scotia, en 2 vols., (Halifax). Mais ses ouvrages les plus remarquables sont des esquisses satiriques, parues d’abord sans nom d’auteur dans un journal, et publiées en 1737 sous le titre : The Clockmaker, or the sayings and doings of Samuel Stick of Slickville ; deux autres séries parurent en 1838 et 1840. Ces esquisses ont surtout pour objet de décrire les particularités du caractère yankee, elles abondent en traits piquants, en fines observations concernant ses tendances individuelles ou nationales. Il a encore publié, au retour d’un voyage en Angleterre en 1841, The Attaché, or Sam Slick in England. Ses autres ouvrages sont : The Old Judge or Life of a ColonyThe letter bag of the Great WesternRule and Misrule of the English in AmericaTraits of American HumourNature and Human nature. Ses travaux littéraires ne nuisirent pas à son avancement professionnel. En 1840, Haliburton était en effet promu juge de la Cour Suprême. Moins de deux ans après, il passa en Angleterre, et entra au Parlement comme représentant de la circonscription électorale de Launceston. Sa renommée littéraire avait fait concevoir des espérances qu’il ne tint pas comme homme politique. La pratique du droit est une pauvre préparation aux débats parlemen-