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pourra donner à ces peuples pour se transporter à l’Isle Royalle, vous connoissés comme moy que la saison ne permet pas aujourd’huy d’y envoyer aucun vaisseau du Roy et quand même cette difficulté n’y apporteroit aucune objection il pourroit s’en former du costé des Anglois qui interromproient nos plus justes mesures, à moins qu’il n’y aye quelque nouveau règlement entre les Couronnes pour une libre évacuation.

Pour prendre le milieu dans une affaire aussy douteuse j’ay pensé qu’il conviendroit mieux de faire passer à l’Isle Royalle les peuples bien intentionnés sur des batteaux du pays qui naviguent tous les printemps des Mines à Canceau au Port Toulouze, une semblable retraite éclateroit moins, et insensiblement les dits habitans du Port Royal et des Mines seroient transportés à l’isle Royalle aux frais du Roy par un marché secret que nous ferions icy avec les maîtres des batteaux qui les embarqueroient, proposés leur cet expédient je vous prie, mon Révérend Père, et faites leur concevoir qu’il est le plus seur et le plus praticable.

Je passe cette année en France sur la frégatte « l’attalante », je representeray à la Cour combien les dits habitans françois de l’Accadie méritent d’estre secourus, j’espère qu’elle fera une favorable attention à mes justes sollicitations, engagés les entre cy et ce temps, autant qu’il vous sera possible à se transporter sur ses terres, c’est l’ouvrage que je vous recommande.


J’ay l’honneur d’estre, mon très Révérend Père
Vostre très humble et très obéissant serviteur
Signé : De Costebelle.