Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/427

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 395 ]

effect il convient que le Révérend Père Dominique s’embarque en cette qualité, qu’il est absolument de service pour conduire les négociations que Monsieur de Pensens y soit destiné personne n’étant plus au fait que luy des affaires de l’Accadie, par le séjour qu’il a fait dans ce pays et la mission dont il fût chargé l’année dernière, et comme d’ailleurs pour un caractère doux et liant, convenable à l’exécution des ordres que donne la Cour d’agir avec ménagement, et de faire entendre la raison aux Anglois par la voix de remontrance et d’insinuation qui sont les seules qui nous restent dans un temps de paix et dans la situation où nous sommes à l’égard de pareils voisins.

Que Monsieur de la Pérelle qui connoit la langue angloise devoit s’embarquer avec luy parce qu’il est d’importance qu’une personne de confiance et de mérite interpreste ce qui se dit à des amis si peu sincères et redise juste des réponses qui naturellement ne se donnent que trop ambiguës, afin d’abréger par ce moyen les discussions sans nombre que peut faire naître entre des gens qui n’aiment point à s’expliquer la difficulté de s’entendre.

Qu’il convient dans ces négotiations de faire valoir le droit des gens, la liberté de conscience et tâcher avec adresse de faire comprendre aux Anglois que ces peuples n’ayant point eu l’année passée la liberté qu’ils avoient demandée de recevoir des agrez et de se retirer, il ne pouvoit y avoir de prescription puisque jouissance du temps accordé n’avoit nullement été à leur disposition.

Si l’on pouvoit obtenir des Anglois permission d’embarquer ceux qui se présenteroient soit à Port Royal, soit ailleurs, qu’il convenoit à la frégatte de s’y rendre, en observant de prendre par préférence ceux qui auront des vivres et paroistront le mieux en estat de se soutenir eux mêmes et recommandant instament à Monsieur de Coursy de leur faciliter ce passage et de leur faire donner dans la frégatte les secours dont ils pourroient avoir besoin ; que pour donner plus de moyen d’exécuter ce qu’on souhaite, on doit faire ses efforts pour embarquer des agrez dans la frégatte dont Monsieur de Pensens fera la distribution au cas que les Anglois y consentent.

Qu’enfin, supposé que les Anglois n’accordent rien de tout ce qui leur sera demandé, la frégatte revienne incessament à Louisbourg après que Monsieur de Pensens aura fait sçavoir aux différentes missions les efforts que l’Isle Royale a faite en prévenant les ordres de la Cour pour tâcher d’obtenir leur liberté.

Fait à Louisbourg ce septième Septembre 1715.

Soubras
St Ovide de Brouillan
De Villejoin
Renan
De Ste Marie
De Lapérelle
F. Dominique de la Marche
Supérieur des Récollets de la Province de Paris
Gd Vicaire de Monseigneur l’Évesque de Québec.