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« Vous avez dû prendre connaissance de la Proclamation de son Excellence William Shirley… souvenez-vous de la promesse que je vous ai faite et dont vous avez déjà ressenti les effets : je vous donnerai ma protection aussi longtemps que, par votre conduite et votre fidélité à la couronne de Grande Bretagne, vous m’en donnerez l’occasion : j’ai plaisir à vous réitérer ma promesse… »

Nous croyons que les Acadiens ne furent pas pleinement satisfaits de la Proclamation du gouverneur du Massachusetts. Le ton de la lettre de Mascarène semble indiquer que celui-ci éprouvait quelque inquiétude à cet égard ; sachant la confiance que les habitants français avaient en lui, il comptait que sa parole, ses assurances personnelles, auraient sur eux autant et plus d’effet que les longues tirades de Shirley, et contribueraient à mieux dissiper leurs doutes. Voilà qui explique les termes de son message.

Il y avait ainsi plus d’un an que les pauvres Acadiens vivaient dans des transes qui n’avaient que trop leur raison d’être. Ils avaient résisté aux arguments, aux cajoleries et aux menaces des Français, pour rester fidèles à leur serment ; et si, par hasard, quelques-uns d’entre eux commirent la faiblesse d’aider l’ennemi, ces exceptions furent si rares que leur importance est nulle, et qu’elles ne peuvent infirmer le jugement fondé sur l’attitude loyale du plus grand nombre[1].

D’ailleurs, même ces rares exceptions ne se fussent peut-être pas produites, si les Acadiens n’eussent pas eu vent des projets formés contre eux. Ce qui ressort de l’attitude générale de ces gens, c’est la fermeté de leur caractère, une

  1. En scolastique, il y a un axiome qui peut trouver sa place ici : « Non datur scientia de particularibus. »