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blé, de cuire du pain, de fournir des chemises, des canots, etc. Toute contravention à ces ordres devant être le plus souvent punie de mort, ou parfois suivie de châtiments corporels… Je ne sais pas si l’on doit attribuer un pareil ton à l’orgueil nobiliaire, qui prédominait à cette époque, à la dureté de sentiments qui caractérisait la caste militaire, ou à une incapacité personnelle de la part de Du Vivier : toujours est-il que, selon moi, ces procédés furent fatals à sa cause[1]. » Le départ précipité de Du Vivier ne peut guère s’expliquer que par la déception qu’il éprouva du côté des Acadiens. Une escadre française était attendue de jour en jour dans le port d’Annapolis, et rien ne semblait justifier la levée si soudaine du siège. Cette escadre, portant 75 canons, arriva, en effet, mais trop tard. Son commandant, ne trouvant pas les troupes qu’il avait compté y rencontrer, incapable de réduire la garnison avec ses seuls équipages, reprit la mer sans avoir rien tenté[2]. Cette soudaineté à partir fut pres-

  1. History of Nova Scotia. Vol. II, ch. IV, p. 42-3. — Dans le MS., il y a, à cet endroit, la note suivante, tirée de Hannay, History of Acadia. « Duvivier issued peremptory orders to the Acadians for supplies, and created a most unfavorable impression. Any who refused to comply with his demands were to be handed over to the tender mercies of the Savages. Notwithstanding this threat, the Acadians were very unwilling to give him any assistance (et que penser alors des affirmations de Parkman ?) and his bright hopes of a spontaneous rising of the Acadian people against British power vanished before the chilling reality. A new generation had grown up who were not disposed to welcome those who would bring war to their doors. » — Ch. XVIII, p. 334.
  2. Parkman, loc. cit. p. 63, dit de son côté : « He (Duvivier) waited in vain for the promised succor… He waited for the ships which did not come… At length, instead of aid from Louisbourg, two small vessels appeared from Boston, bringing Mascarene a reinforcement… This discouraged the besiegers, and towards the end of September they suddenly decamped and vanished. » — Voici, d’autre part, ce que dit Rameau : « Si Duvivier eut fait assez de diligence pour se présenter devant Port-Royal en juin, il eut probablement enlevé de force la place. D’autant plus que les Micmacs, sous la conduite de l’abbé Leloutre, se