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alors l’on s’arrête comme saisi, l’on reste émerveillé de cette nature tourmentée, déchirée par les efforts incessants de l’onde qui passe. C’est là l’image de l’histoire que nous allons parcourir. Mais au lieu de décrire minutieusement la partie qui seule offre un intérêt réel et varié, l’on s’est borné jusqu’ici à en tracer quelques coups de crayons grossiers qui ne nous laissent rien voir des événements palpitants dont elle est parsemée.

Comment expliquer la disparition des documents ayant trait à une période si importante ? Faut-il voir là un simple hasard ou un coup prémédité ? Telle est la question que beaucoup d’écrivains se sont posée avant nous. Ceux qui y ont répondu l’ont tous fait dans le même sens, d’autres ont fait semblant de l’ignorer, c’est-à-dire qu’ils n’ont voulu en tenir aucun compte, et qu’ils l’ont délibérément passée sous silence. Mais si ces derniers ne partageaient pas les soupçons de leurs confrères, l’on conviendra que leur devoir était de les combattre, ou à tout le moins de mentionner le fait de la disparition de ces documents, ne fût-ce que pour se justifier auprès de leurs lecteurs d’avoir exposé brièvement une période aussi importante de l’histoire. Avaient-ils peur qu’on ne tirât de là des conclusions qui s’imposent ? On pourrait le croire.

Quoi qu’il en soit, le développement que nous avons donné à un sujet que nos devanciers avaient seulement effleuré devra suffire pour prouver que nous nous sommes imposé un travail sérieux et que nous avons trouvé bien des renseignements nouveaux. Sur ce point, nos lecteurs ne seront pas déçus. Quelque opinion qu’ils conçoivent de notre œuvre ils ne pourront nous refuser le mérite de les avoir intéressés par une masse de documents inédits, par des aperçus originaux et des conclusions dont il est difficile de se défendre.