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les défenses du gouvernement ; ou, conséquence plus funeste, passeront-ils en bloc à la colonie française avoisinante.

« Les Français du Cap Breton saisiront naturellement toutes les occasions de troubler la paix de cette Province, spécialement en cette circonstance, et dans le cas d’une guerre entre l’Angleterre et la France ; et si l’on donnait à la population d’ici des sujets de mécontentement, elle en prendrait vite avantage contre nous ; et vu que ces Acadiens sont au moins dix contre un, ils ne tarderaient pas à détruire notre garnison, et même à s’emparer du fort, lequel est d’ailleurs tout près de sa ruine. »

Après cela, il n’y a pas lieu de s’étonner qu’Armstrong ait pu écrire : « Les Acadiens sont amateurs de procès, ils aiment la chicane, et ils sont si mal disposés les uns envers les autres qu’il ne se passe pas de jour qu’ils n’empiètent sur les biens de leurs voisins[1] ? » — Parkman, qui a fouillé dans tous les coins pour trouver matière à décrier les Acadiens, n’a pas manqué de s’emparer de cette phrase tendancieuse. Que lui importait ce que fût Armstrong, qu’il prend bien soin de ne pas faire connaître à ses lecteurs ? Que lui importait la véritable situation des Acadiens, laquelle une fois comprise, tout le reste s’éclaire, et l’opinion, plus haut émise, du gouverneur Armstrong à leur égard, perd tout crédit ? Il avait là, sous la main, ce qu’il cherchait, et, avec ce bout de phrase accusatrice, il va établir des conclusions, à l’encontre d’ailleurs de cent preuves qui les contredisent et les annihilent : « C’étaient tous (les Acadiens) des

  1. Nova Scotia Docum. — Governor Armstrong to Lords of Trade. Annapolis Royal, 16 November 1731, — page 94 de la compilation.