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cependant. Nous n’en voulons d’autre preuve que les résultats qu’il obtint dans les circonstances les plus difficiles. Mascarène eut autant plus de mérite à adopter pareille conduite qu’il eut à lutter contre les préventions de son entourage, et en particulier celles de Shirley, gouverneur du Massachusetts, auquel le gouvernement de la Métropole avait donné voix consultative dans les affaires de la province. Son tact parfait lui dicta l’attitude à prendre dans les conjonctures délicates qu’il eut à affronter, et qui étaient le fruit de la guerre. Sans blesser personne, son habile diplomatie triompha de toutes les oppositions, et nous pouvons affirmer que pas un des gouverneurs qui le précédèrent ou lui succédèrent, n’eût été en mesure de tourner aussi bien les obstacles qu’il rencontra sur sa route. Il avait la véritable manière de régler les choses, celle que donne une bonne éducation, servie par une haute intelligence et un noble cœur.

Mascarène était aidé de conseillers qui ne connaissaient que l’arbitraire, et qui ne s’inspiraient que de la rudesse des camps. L’on sent parfois que sa bonne volonté était entravée par ces influences extérieures, qu’il se montrait plus sévère qu’il n’aurait voulu, pour éviter le reproche de se laisser guider par des sympathies de race, tandis qu’au

    contester les réelles qualités de cet homme. Mais il nous semble qu’il est ici porté un peu haut et peint trop « en rose ». Nous avons déjà eu l’occasion de signaler les exagérations dans lesquelles Richard tombe volontiers, et qui s’accordent mal avec la sérénité d’appréciation que l’on attend de l’historien. Akins et Parkman sont aussi rudement malmenés que les accusateurs le sont par les avocats de la défense, au cours d’un procès au criminel. Mascarène, par contre, à cause de ses sympathies pour les Acadiens, est élevé jusqu’aux nues. Comme nous l’avons dit d’ailleurs dans notre Introduction, il ne faut pas oublier que, tout en écrivant l’Histoire, Richard fait un plaidoyer dans lequel il met toute son âme.