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fissent réparation pour les dommages encourus, quand il venait précisément de se montrer si injuste et si dur envers eux. C’était exactement pour éviter d’avoir à souffrir la vengeance des Indiens, que les habitants avaient exigé l’exemption de porter les armes contre eux ; et c’est à cause de ce même danger, toujours menaçant, que pendant quarante ans l’on ne put décider les colons anglais à venir se fixer dans le pays. Et enfin, nous ne comprenons pas pourquoi le gouverneur Philipps, qui tenait tant à ce que les prêtres ne se mêlassent pas d’affaires temporelles, forçait le curé des Mines à faire partie de la délégation, chargée de venir lui présenter amende honorable pour des dégâts dont nos frères n’étaient nullement responsables. Voir à la page 60 de Akins.

Nous avons plaisir à le répéter : l’influence du clergé acadien dut s’exercer dans le sens de la paix et de la soumission aux autorités. Toute l’histoire du Canada est là pour donner raison à cette assertion. Après le traité de Paris, 10 février 1763, l’évêque de Québec alla même jusqu’à excommunier ceux qui ne voulurent pas reconnaître la domination anglaise ; en vertu de cette peine, cinq personnes furent privées de la sépulture ecclésiastique[1]. Si le Canada est encore

  1. Le fait dont il est parlé ici se passa sous Mgr  Jean-Olivier Briand, né à Plérin (Bretagne) le 23 janvier 1715, nommé vicaire général de Québec, le 13 septembre 1759, évêque de Québec, pour succéder à Mgr  de Pontbriand, le 21 janvier 1766, sacré le 16 mars de la même année ; il résigna le 29 novembre 1784, mourut au Séminaire de Québec le 25 juin 1794, à l’âge de 79 ans et 5 mois. « … les troupes françaises partirent pour rentrer en France ; avec elles laissèrent le Canada presque tous les chefs de la société ; dans le pays restaient plusieurs seigneurs,… et une population d’origine française d’environ 70,000 âmes. Avec elle demeurait le clergé, qui, dans l’absence des anciens chefs du peuple, se trouva ainsi chargé, non seulement de conduire le peuple dans la voie de la religion, mais encore de le guider dans la politique et les matières civiles. Lui-même venait de perdre son chef. À Montréal, venait de mourir Mgr  de Pontbriand ; mais le chapitre exerçait encore une certaine influence ; et M. Briand,