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une seule plainte nettement formulée contre ceux-ci, hormis la suivante : De 1720 à 1724, les Sauvages commirent des hostilités sur toute la frontière des colonies anglaises, et particulièrement le long de la frontière du Maine. Dans la Nouvelle-Écosse, ces hostilités se bornèrent à des déprédations plutôt qu’à des rencontres sérieuses. Onze sauvages s’emparèrent d’un vaisseau dans le Bassin des Mines, et le pillèrent. Philipps fut grandement indigné de ce que les Acadiens de l’endroit n’intervinrent pas, soit pour empêcher la prise de ce bateau, soit pour donner la chasse aux Indiens. Il leur fut ordonné d’avoir à préparer un document exprimant, en termes non équivoques, l’énormité de leur faute par omission ; il leur était enjoint également que cette pièce, signée par tous les habitants du lieu, fut remise au gouverneur par des délégués, au nombre desquels devait se trouver le curé ; en outre, force leur était de payer la valeur des effets enlevés par les sauvages. Et tout ceci fut exécuté à la lettre.

Or, cette affaire se passait au commencement de l’année 1721, alors que Philipps venait d’ordonner aux Acadiens, soit de prêter serment au roi d’Angleterre, soit de quitter la Province sans rien emporter avec eux de leurs biens ; alors qu’il venait de leur défendre d’ouvrir un chemin favorable à leur migration. Il est probable que ces bonnes gens préférèrent signer le document susdit, et rembourser les pertes causées par le pillage du bateau, que de s’exposer, de la part des sauvages, à de terribles représailles. L’on sait, en effet, que tous ceux qui voulurent prendre parti contre les Indiens s’exposèrent à devenir les victimes de leur vengeance, sous un gouvernement qui n’était pas assez fort pour empêcher leurs incursions. Il nous semble que le sieur Philipps avait mauvaise grâce à exiger des Acadiens qu’ils