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nos jours, l’on surprend si rarement, dans le clergé, des cas d’influence indue, pourquoi y en aurait-il eu bien davantage, au sein de ce même corps, un siècle et demi en arrière ? Il y a d’ailleurs une chose qui ne change pas au gré des caprices humains, et c’est la discipline de l’Église. Or, sur le point qui nous occupe, la discipline ecclésiastique était, au dix-huitième siècle et en Acadie, ce qu’elle est aujourd’hui, et ce qu’elle a toujours été dans tous les endroits du monde : à preuve, c’est que, quinze ans après l’époque dont il s’agit, l’abbé Le Loutre fut sévèrement blâmé par Monseigneur l’Évêque de Québec, pour s’être mêlé d’affaires temporelles qui n’étaient pas de son ressort, et cela, contrairement non seulement à la règle générale de l’Église, mais encore aux instructions particulières que son Ordinaire lui avait données[1].

Notre opinion, à nous, est que la majorité des prêtres durent exprimer privément leur opinion sur cette question du serment et du départ, mais la solution de ce problème était si simple, et s’imposait avec une telle évidence, qu’aucune expression d’opinion n’était nécessaire pour la faire accepter : le résultat des délibérations à ce sujet eut été le même, avec ou sans avis donné au préalable. Quand même

  1. Richard réfère ici à une lettre, écrite par Mgr Henri-Marie Dubreuil de Pontbriand, (né à Vannes, Bretagne, janvier 1708, nommé évêque de Québec 6 mars 1741, sacré le 9 avril de la même année ; mort à Montréal le 8 juin 1760 ; il avait succédé sur le siège de Québec à Mgr François-Louis Pourroy de L’Aube-Rivière, décédé le 20 août 1740), en 1748 ou 1749, à l’abbé Le Loutre, laquelle lettre, provenant des «  Tyrrell’s Papers », est donnée, dans la traduction anglaise, à la page 240-41 des Documents sur l’Acadie, édit. Akins ; la date n’en est pas marquée. D’après la teneur de cette lettre, l’abbé Le Loutre avait simplement excédé en laissant croire aux Acadiens réfugiés dont il avait la charge qu’ils ne pouvaient « en conscience » retourner en territoire anglais. L’Évêque lui dit : …It is right for you to refuse the sacraments, to threaten that they (the Acadians) shall be deprived of the services of a priest, and that the