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le supposer, une demande déjà délicate en soi, a été accompagnée de procédés qui la rendaient proprement odieuse, quoi d’étonnant que ces deux abbés l’aient repoussée avec indignation, et y aient vu comme une atteinte à leur caractère ? Comme dans le cas de l’abbé de Breslay, il nous paraît qu’Amrstrong ne nous fait connaître que l’un des côtés de la question. Heureusement, nous possédons un document qui nous en dévoile les autres aspects. Ce document se rapporte à l’incident dont nous venons de parler et l’éclaire d’un jour tout nouveau. Comme s’exprime Casgrain, auquel nous l’empruntons[1], « il faut que les Acadiens aient eu à souffrir de bien criantes injustices pour avoir été obligés, à plusieurs reprises, d’aller porter leurs plaintes et implorer protection jusqu’au pied du trône de France. Une de ces requêtes, couverte des signatures des habitants de Port Royal, représente au roi Louis XV qu’ils sont en proie à une véritable persécution religieuse de la part du gouverneur Armstrong :

« Nous supplions, disent-ils, très humblement Votre Grande Majesté de nous permettre de représenter la triste situation où nous sommes réduits, déclarant véritablement que dans la paroisse de Saint-Jean-Baptiste d’Annapolis Royale, en la Nouvelle-Écosse ou Acadie : que le 29 mai 1736, contrairement aux articles du traité de paix fait à Utrecht, et contrairement à toutes les promesses à nous faites, quand nous avons prêté le serment de fidélité à Sa Majesté Britannique le roi George II, le gouverneur Laurent Armstrong a fait défense à MM. de St-Poncy et Chauvreulx, nos deux prêtres missionnaires aussi dignes que nous en ayons

  1. Pèlerinage au pays d’Évangéline, ch. III, p. 77-8. Le document a été trouvé aux Archives de la Marine et des Colonies. Amérique du Nord. Acadie.