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Si le compilateur avait daigné joindre à ces minutes du conseil la déclaration de l’abbé de St-Poncy lui-même, laquelle fut communiquée par Armstrong aux Lords du Commerce, nous serions probablement mieux en mesure de juger de la situation. Que si nous prenons la question telle que présentée dans le document que nous venons de produire, nous dirons : « c’est une tempête dans un verre d’eau », ou « que de bruit pour une omelette ! » La demande faite à ces deux missionnaires n’avait peut-être en soi rien d’inacceptable, à la condition qu’on y eût mis des formes au lieu de vouloir l’imposer grossièrement. Et c’est ce qu’il faudrait savoir. Et si l’on ne connaît pas ce détail, l’on connaît Armstrong, l’on sait que ce monsieur avait le don peu enviable de froisser tout le monde et que les difficultés qu’il a rencontrées furent presque toujours le résultat de sa pétulance et de ses emportements. Ne sommes-nous pas dès lors autorisés à conclure que, dans l’affaire qui nous occupe, tout le tort n’a pas été du côté des missionnaires ? Si ces deux prêtres ont parlé et agi ainsi qu’il est représenté dans les Minutes du Conseil, c’est qu’ils avaient dû être provoqués. Ordinairement parlant, et sauf de rares exceptions, une demande polie amène une réponse polie, et une insolence engendre une insolence. Si l’on regarde de près à la chose dont il s’agit, l’on voit qu’Armstrong donnait ici un ordre formel et absolu. Or, n’était-ce pas là plus qu’il n’avait le droit de faire ? Est-ce que vraiment l’on pouvait demander à ces missionnaires d’intervenir dans ces choses purement temporelles ? Si, comme il n’est pas téméraire de

    des considérations où l’auteur dit que bien des troubles eussent été évités « si les missionnaires, au lieu d’être stipendiés par le Roi de France, l’avaient été par la Couronne Britannique ». C’était faire peu d’honneur à ces dignes prêtres que de les prendre pour des mercenaires, qui se fussent vendus au plus offrant.