Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 275 ]

bliant tout le respect dû à son Honneur et au conseil, répondirent qu’ils n’iraient pas, et qu’ils ne voulaient rien avoir à faire là-dedans ; et comme on leur demandait s’ils n’étaient pas prêts à obéir aux ordres justes et légitimes du gouvernement de Sa Majesté, M. Cheavereaux répliqua sur un ton de mépris et en faisant de grands gestes disgracieux : vous saurez « que je suis ici de la part du Roy de France » ; et M. St-Poncy affirma la même chose à peu près dans les mêmes termes.

« Ce qu’entendant, son Honneur leur dit que, eu égard au mépris qu’ils professaient pour cette Province et ce gouvernement, son intention était de les envoyer en France. Ils reprirent en riant très fort et en affectant l’air le plus hautain : « Puisse-t-il en être ainsi ! », après quoi ils tournèrent les talons et sortirent de la salle, apparemment en grande colère, frappant violemment les portes ; c’est ainsi qu’ils laissèrent le conseil où leur présence était requise pour répondre à la pétition (des habitants de Cobaquid), dont il a été parlé plus haut.

« M. Dentremont ayant été alors convoqué et informé que les prêtres avaient refusé de se rendre à Pobomcoup, M. Dentremont en exprima son regret, car il était d’avis que le meilleur moyen d’amener les Indiens à la raison et de leur faire remettre ce qu’ils avaient pris, était de leur envoyer un prêtre ; d’autant plus que la présence d’un missionnaire dans ce village était nécessaire pour administrer le baptême et les autres sacrements.

« Le conseil, après avoir mûrement délibéré au sujet de la manière d’agir de ces deux prêtres, adopta unanimement la résolution de les suspendre de leurs fonctions, et de leur enjoindre de se retirer au presbytère et d’y demeurer jusqu’à ce qu’une occasion s’offre de les renvoyer en France.