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Londres, et se défendit de l’accusation de s’être mêlé des choses du gouvernement en produisant des certificats de Philipps et de Cosby, attestant qu’à leur connaissance, sa conduite avait été, en toute occasion, irréprochable. La partie de la lettre d’Armstrong, éliminée par le compilateur, fait voir que Cosby « avait épousé la cause » de M. de Breslay. Or, ce détail avait son importance, en introduisant un élément de doute sur la légitimité des procédés du gouverneur. Et maître Akins eut été très aimable de n’en pas priver le public.

Armstrong eut encore des difficultés au sujet du Père Isidore. Celui-ci était un prêtre interdit. Le gouverneur prétendit l’imposer par force à la Cure des Mines. Mais le simple bon sens aurait dû le persuader qu’une population catholique n’accepterait pas les services d’un prêtre notoirement interdit. Par le fait de cette interdiction, le Père Isidore ne pouvait ni dire la messe, ni entendre les confessions, ni administrer aucun autre sacrement. Méconnaissant la portée des peines ecclésiastiques qui lient et annulent en quelque sorte les pouvoirs du prêtre qui en est frappé, Armstrong prétendit passer outre à tous ces empêchements canoniques et donner charge d’âmes à son candidat irrégulier. Mal lui en prit d’intervenir dans un domaine où il n’avait que faire. Il en fut pour sa peine. Il restait aux fidèles blessés dans leur foi la ressource de ne pas fréquenter une église régie par un pasteur illégitime. Et c’est ce qu’ils firent en effet. Le gouverneur eut beau vouloir les punir de leur obstination en leur refusant un autre prêtre : sa fureur se brisa contre les droits imprescriptibles de la conscience catholique[1].

  1. Casgrain. Pèlerinage, etc., p. 79-80, d’après Documents, notes et traditions sur l’Acadie, recueillis par l’abbé Sasseville, curé de Ste-Foy.