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s’était réfugié récemment dans cette Province, fuyant le Canada où il avait commis un meurtre atroce. Le lieutenant-gouverneur se fit le protecteur de cet individu et l’admit à prêter le serment ; ainsi encouragé en haut lieu, Maugeant se rendit détestable aussi bien aux anglais qu’aux français, et compromit l’autorité d’Armstrong dont il passait pour être l’instrument et le conseiller. Quand je débarquai ici, Maugeant, qui savait que de nombreuses plaintes allaient être portées contre lui, demanda la permission de s’en aller, laquelle lui fut accordée avec défense de jamais remettre les pieds en ce pays. Son départ a été un soulagement pour tout le monde, et c’est grâce à cela que l’on a pu amener les habitants à faire leur soumission à la Grande Bretagne. Le caractère de cet homme est foncièrement méchant, mais il ne manque pas de ressources, et je crois qu’il ferait un excellent ministre sous un prince despote. »

Cette lettre est encore au volume des Archives, moins cependant ce passage ci-haut, que nous empruntons à l’honnête Murdoch, au chapitre LI, p. 463 de son Histoire. Pourquoi donc Akins a-t-il supprimé ce passage, si révélateur du caractère d’Armstrong, et beaucoup plus utile à l’histoire générale de la Province que tant d’autres choses dont il a alourdi sa compilation ?

Philipps chantait un peu haut sa propre louange, lorsqu’il attribuait le prompt succès de ses négociations au bon souvenir que l’on avait gardé de lui, non moins qu’à l’orientation judicieuse qu’il sut imprimer à l’administration, et à ses efforts pour réparer les bévues commises par son prédécesseur. Nous aurions des réserves à apporter aux compliments qu’il se décerne avec tant de générosité naïve. Néanmoins il faut admettre qu’il avait du tact, du savoir faire, et plusieurs des qualités qui distinguent les bons admini-