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même nature à vingt endroits différents du volume des Archives, et notamment aux pages 203, 233, 234.

Mais reprenons notre récit.

Ce n’était pas sans quelque appréhension que les Acadiens consentaient à prêter le serment sans qu’une réserve

    Paul Mascarene naquit à Castres, dans le midi de la France, en 1684, de Jean Mascarene et Marguerite de Salavy. Son père, qui était huguenot, ayant quitté la France après la révocation de l’Édit de Nantes, le jeune Mascarene fut laissé aux soins de son grand père. À l’âge de douze ans, il alla à Genève où il reçut son éducation, et de là en Angleterre où il se fit naturaliser en 1706. En 1708, il fut nommé second lieutenant dans le régiment de Lord Montague, alors stationné à Portsmouth. En 1710, il reçut de la reine Anne le titre de capitaine et fut envoyé en Amérique par le ministre de la guerre. Au siège de Port-Royal, il commandait les grenadiers du col. Walter ; c’est lui qui eut l’honneur de prendre possession formelle du fort. Peu après, Nicholson l’éleva au rang de major. Commanda pour un temps la garnison de Plaisance, Terreneuve. À la mort d’Armstrong, en 1739, il fut nommé major de régiment, et à la mort du colonel Cosby, il devint lieut. colonel du régiment de Philipps. En 1720, quand fut créé un conseil de gouvernement, sous Philipps, Mascarene fut appelé à en faire partie. En 1740, fut nommé lt-gouverneur d’Annapolis ; il exerça les fonctions d’administrateur du gouvernement, vu que Philipps résidait en Angleterre, jusqu’en 1749, où Cornwallis arriva comme gouverneur. Ce dernier fit prêter serment à Mascarene comme doyen de son conseil. En 1744, Mascarene défendit Annapolis et battit les Français commandés par Du Vivier. Il avait, auparavant, de concert avec les gouverneurs du Massachusetts et du New Hampshire, Dummer et Wentworth, entrepris des négociations avec les Indiens de Nouvelle Angleterre, lesquelles aboutirent au traité de 1725. En 1751, il alla en Nouvelle Angleterre, avec des instructions émanées de Cornwallis, et s’y occupa d’opérer une réconciliation avec les chefs indiens. Peu après, il invoqua son âge avancé pour demander permission de prendre sa retraite. En 1758, il fut porté comme major général, et s’en alla vivre à Boston où il mourut le 2 janvier 1760. Il avait épousé Elizabeth Perry, de Boston, de laquelle il avait eu un fils et une fille. « Mascarene parlait très bien le français, dit Rameau, (dans Une Colonie, etc. Tome II, c. XII, p. 72). Il était infiniment supérieur à Armstrong comme instruction, comme caractère et comme élévation d’esprit. Les relations des Acadiens avec lui furent plus faciles qu’avec les autres gouverneurs. Même lorsqu’il écrit aux missionnaires de l’intérieur, ses lettres sont non seulement très mesurées dans leurs termes, mais quelquefois pleines de courtoisie et d’enjouement… Il se préoccupait d’ailleurs avec soin et intelligence de l’administration générale du pays, qu’il connaissait parfaitement ;