Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ XXVII ]

plus pénétrant que le cœur et l’esprit de l’homme en animeront les pages, et leur donneront l’éclat et la vie.

Pour nous, là n’est pas le grief contre l’auteur d’Acadie, mais plutôt dans le fait qu’il a négligé d’indiquer ses références, et que ses citations échappent totalement à la méthode reçue en la matière. Nous avons donc tâché de relever par le menu toutes ses sources, de trouver l’origine précise de ses informations et de la marquer exactement. Et ce travail nous a permis de rétablir la lettre même des textes, de les compléter, car l’on dirait que souvent Richard cite de mémoire, tellement la teneur de son texte est différente de l’original ; il donne le sens ; il s’inquiète peu de la précision. Pour ce qui est des documents français qui nous sont parvenus, au lieu que Richard les modernise, nous les avons donnés tels quels, en en respectant l’orthographe, et même, suivant le cas, la savoureuse barbarie. Il y a tel document officiel portant l’empreinte de la langue de l’époque, laquelle n’est plus tout à fait la nôtre, on le sait ; il y a aussi telle lettre ou telle supplique, émanée de ces chers Acadiens qui n’avaient guère de lettres, et où règne une absence totale des règles du langage. Il nous a paru préférable de reproduire les uns et les autres tels que nous les possédons, soit avec leur parfum d’archaïsme, soit avec leurs inexpériences et leur primitivisme d’expression. Ernest Havet, pour un, nous eût blâmé de ce respect des formes antiques dans la réimpression des vieux textes : « Je ne puis lire, écrivait-il en effet, nos classiques imprimés avec l’orthographe de leur temps sans un sentiment désagréable ; il me