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verneur, ne pouvait tolérer que des misérables comme lui eussent l’honneur de signer un tel acte.

« Je repris alors la proclamation, dit Wroth, et je priai les chefs et les députés de dîner avec moi, en répartissant le reste des habitants dans des maisons préparées à cet effet ; aussitôt que nous eûmes dîné et bu les santés nécessaires dans de telles occasions, les députés me demandèrent à se retirer, afin de se consulter les uns les autres, me donnant quelque assurance de donner une réponse à ma satisfaction.

« Vers le coucher du soleil, ils revinrent en effet, mais au lieu de se soumettre, comme ils le devaient, en prêtant le serment de fidélité susmentionné, ce fut Vero qui vint, au nom de tous, me présenter une copie du serment que je leur avais donnée auparavant, faisant au dessous de l’acte la demande de certaines réserves. Immédiatement je montrai tout le ressentiment dont j’étais capable, et leur tournai les talons, leur disant que ce que je pouvais imaginer de mieux, en leur faveur, c’était de croire que les liqueurs avaient excité leur impudence, en leur donnant l’audace de proposer des conditions à un serment aussi bénévole, et que j’espérais que le sommeil les rendrait sensibles à leur mauvaise conduite ; j’attendrais donc au lendemain pour avoir leur réponse. »

« Le malheureux se trouvait pris dans son propre piège ; il parlait des liqueurs ! c’était lui qui les avait fait servir ; il espérait troubler l’esprit des gens et leur faire signer aveuglément, sous prétexte de proclamation, le serment d’allégeance qu’il voulait extorquer ; mais les spiritueux avaient tourné contre lui, et tandis qu’il s’applaudissait de ses ruses, ces campagnards, qui le laissaient faire, avaient éventé la fourberie ; loin de se troubler l’esprit, ils pui-