Robert Wroth rédigea un long rapport de tout ce qui s’était passé au cours de sa mission : et ce rapport est d’une lecture fort intéressante à bien des points de vue. L’on saisit sur le vif la manière de procéder de cet émissaire qui ne le cède pas en fourberie à son maître : mais tandis que celui-ci est d’un tempérament colère et emporté, l’autre a l’habileté de cacher sa ruse sous des dehors aimables ; il fait les affaires en se divertissant, et se divertit pour mieux les faire. Partout où il se présente, il débute par des banquets : l’on mange, l’on boit. Le premier jour, il n’est parlé de rien ; le second, l’on annonce la mort du roi et l’avènement de son successeur ; force santés sont portées au Roi, à la Reine, à tous les personnages de la famille royale et du gouvernement. Pour un peu, l’on boirait à la santé de la Divine Providence qui, par des voies miraculeuses et imprévues…
« Après quoi, continue Wroth, je commençai mon petit discours de la manière suivante : je ne doute pas, mes amis, que vous ne sachiez ce qui m’amène ici, à savoir, que par la mort du Roi mon maître, de glorieuse mémoire, la divine Providence vous a miraculeusement donné l’occasion de sortir de la mauvaise voie dans laquelle vous étiez tombés. »
« Ici, comme dit si bien Rameau, en avant la musique : éloge du Roi et de ses bontés, mais aucune mention encore du serment qui était le but de son voyage ; seulement il les convoque à un autre banquet, durant lequel on procéderait à la proclamation du nouveau Roi ; et Wroth profite de l’occasion pour les engager à amener le plus de monde possible, car il faudra acclamer et signer la proclamation du Roi[1]. »
- ↑ Le rapport de Wroth « Ensn. Wroths Proceedings up the Bay » se