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assuma à nouveau les mêmes fonctions et les exerça jusqu’en 1725. Chose étrange ! — (je dis étrange, et j’ai tort : avec Akins, il ne faut s’étonner de rien,) — le volume des Archives de la Nouvelle-Écosse ne contient pas un seul document pour la période s’étendant de 1722 à 1725. De ce fait, voici l’explication que nous proposons et qui nous paraît fort plausible : Philipps, dans la crainte de voir les Acadiens lui échapper, s’était fait, en dernier, doux et aimable envers eux ; et jusqu’à son départ, la question brûlante du serment avait été prudemment reléguée par lui dans l’ombre. Il valait mieux, d’après lui, laisser s’écouler encore quelques années, et, en attendant le moment favorable pour amener les habitants à l’obéissance et les courber sous le joug britannique, les traiter avec de grands égards. Cette politique de conciliation s’imposait d’autant plus fortement que les sauvages du Maine étaient en guerre ouverte avec les Anglais, et que ceux de la Nouvelle-Écosse menaçaient de les imiter ; en fait ces derniers avaient déjà commencé de commettre des déprédations. En pareille occurrence, Philipps avait dû recommander instamment à Doucett de tenir vis-à-vis des Acadiens la ligne de conduite prudente et réservée qu’il avait lui-même inaugurée. En sorte que, l’ingérence de l’autorité dans leurs affaires étant devenue à peu près nulle, rien dans la correspondance officielle de cette époque ne les concernait, surtout rien qui put être invoqué contre eux. Et l’on comprend le silence du compilateur, quand l’on se rappelle qu’il s’était donné pour tâche de relever tout ce qui pouvait porter préjudice aux Acadiens et justifier leur déportation. Akins, en effet, nous l’avons assez montré, n’a eu qu’un but, et qui ne concordait en aucune façon avec celui de ses mandataires : réunir tous les documents pouvant jeter quelque lumière sur les raisons