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sans inconvénient. Philipps comprit parfaitement cette consigne : lui qui avait fait sa fortune dans les intrigues de la cour, se trouvait tout à fait sur son terrain ; il rentra son grand sabre et les phrases superbes de sa mise en scène, et il continua la politique qu’il venait d’inaugurer : amadouer les Acadiens pour les faire demeurer sur leurs terres, réclamer l’allégeance si l’occasion s’en présente, sinon prodiguer de belles paroles, sans toutefois s’engager jamais à fond, se réserver toujours quelque retraite honnête, de manière à prouver que l’on n’avait jamais fait de promesse, mais seulement des ébauches de contrats ; telle fut désormais sa règle de conduite. On obtint ainsi des Acadiens la somme d’utilité que l’on en désirait, en leur prodiguant la tolérance, sans jamais leur donner aucune certitude.

« Philipps fit durer encore cette situation pendant deux ans : sans nier la duplicité de Nicholson, mais sans accepter non plus le serment sans réserve que réclamaient les Acadiens ; sans se prononcer sur leur droit absolu de rester, mais sans exiger non plus leur départ, les maintenant au contraire sur leurs terres, en prolongeant le délai de leur séjour. Il leur fit considérer qu’il était bien préférable pour eux de conserver leurs héritages, et qu’après tout, en acceptant le régime anglais, on finirait toujours par s’arranger. Il gagna ainsi 1722, année où il retourna en Europe,… laissant comme lieutenant-gouverneur d’Annapolis le capitaine John Doucett, lequel fut remplacé peu après par le lieutenant-colonel Armstrong[1]… »

Dans son ouvrage Montcalm et Wolfe, Francis Parkman, prenant pour guide le compilateur Akins, avait affirmé que

  1. Rameau de Saint-Père. Une colonie féodale en Amérique. Tome II, ch. XI, p. 35 et seq.