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dangers que nous avons à redouter, dans le repeuplement de ces fermes, est d’avoir maille à partir avec les indiens, qui voient d’un mauvais œil l’émigration des Acadiens, et qui ne seront pas lents à venir nous molester[1]… »

Le gouverneur Philipps broyait donc beaucoup de noir ; et son état d’esprit finit par déteindre sur les Lords du commerce. À la date du 28 décembre 1720, ceux-ci lui écrivent en effet de Whitehall :

« Monsieur,

« … Pour ce qui est des habitants français de la Nouvelle-Écosse, dont l’attitude semble être si mouvante et indécise, nous craignons qu’ils ne puissent jamais devenir de bons sujets de Sa Majesté, aussi longtemps qu’ils seront soumis à l’influence des gouverneurs français et de leurs prêtres. Nous croyons donc qu’il vaudrait mieux qu’ils fussent transportés ailleurs[2] dès que les contingents que nous avons proposé de vous envoyer, pour la protection et le meilleur peuplement de votre Province, seront arrivés. Cependant comme vous n’allez pas tenter d’opérer cette transportation sans en avoir reçu un ordre positif de Sa Majesté, nous vous conseillons d’user d’ici là, à l’égard des Acadiens, de la même ligne de conduite prudente et avisée, de ne pas les tromper en ce qui concerne l’exercice de leur religion : il n’est pas douteux qu’on les laisse libres de la pratiquer, au

  1. Nova Scotia Archives, p. 35-6. Annapolis Royal, July 1720, Richard Philipps to the Rt. Hon. James Craggs, Esq., one of His Majesty’s Principal Secretary of State at Whitehall, London, Great Britain.
  2. « We are of opinion they ought to be removed as soon as the Forces which we have proposed to be sent to you shall arrive in Nova Scotia… »