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par là l’intention d’inquiéter Annapolis, ou de se servir de cette voie pour conduire leurs troupeaux et aller se porter ailleurs, avec tous leurs effets, afin de fonder un établissement, soit aux Mines, soit à Shignectou, d’où ils pourraient défier le gouvernement, — il est agréé et résolu :

Que Son Excellence soit priée d’envoyer des ordres spéciaux aux habitants de cette rivière, ainsi qu’à ceux des Mines, leur défendant d’ouvrir une telle route sans en avoir reçu la permission écrite de la main de son Excellence ;

Que les ordres susdits soient rédigés et présentés à l’approbation de Son Excellence ; — que Monsieur le Lieutenant-Gouverneur, Major Lawrence Armstrong, le Major Paul Mascarene et Cyprien Southack, Ecr., composent le comité chargé de rédiger les ordres en question[1]

La proclamation rédigée en conformité avec cet ordre en conseil se termine sur ces mots : « Je défends en outre à toute personne de quitter sa maison clandestinement et sans en avoir reçu ma permission.

« Donné sous mon sceau, à Annapolis Royal, ce 18 mai 1720. »

Richard Philipps[2].

L’ordre avait été rédigé comme si l’on avait supposé aux Acadiens d’autres desseins que celui de quitter le pays, et il fallait s’attendre à une pareille supposition de la part de l’autorité ; elle n’avait rien que de naturel. Le gouvernement avait tout intérêt à voiler son méfait sous ce prétexte spécieux. Mais il faudrait avoir d’épaisses écailles sur les

  1. Nova Scotia Documents, p. 29.
  2. Id. p. 30. « … and I do further forbid any person to quitt their Habitations clandestinely, and without my leave. »