Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ XXII ]

Venons-en maintenant au grief le plus sérieux qui puisse être fait à Édouard Richard, et que la critique n’a pas manqué de lui adresser. Nous venons parler de sa documentation. Il paraissait avoir sur ce point une manière de voir qui n’est plus de mode aujourd’hui, si tant est qu’elle ait jamais eu cours dans la véritable histoire. D’une façon générale, ses citations pèchent contre toutes les lois du genre. Expliquons-nous. Et d’abord, ayant beaucoup lu Rameau, par exemple, il lui arrive de faire de longs emprunts à cet auteur, sans nous en avertir ; après s’en être approprié des passages considérables, en les changeant quelque peu, ou plutôt en en déformant la bonne langue, il mettra entre guillemets un extrait textuel, en l’accompagnant d’un « comme dit Rameau ». L’on s’imagine qu’à cela seul se borne l’emprunt fait à cet historien. Mais, si l’on va à la source, pour contrôler la citation, et pour la situer, l’on découvre par hasard qu’elle commence bien avant que le manuscrit ne le dit, et qu’elle se prolonge bien au delà des guillemets par lesquels elle se ferme ici. Et ce que je constate au sujet de Rameau, est vrai de Casgrain, de Beamish Murdoch et autres. Eh ! quoi, accuserons-nous Richard d’improbité ? Le prendrons-nous pour un plagiaire ? Pas le moins du monde. Il était l’honnêteté et la loyauté même, en tout ; il avait, au plus haut degré, le sens de l’équité, le culte de la justice. À quoi donc attribuer la faute évidente que des spécialistes ont relevée avec raison ? Il faut en chercher